mercredi 27 février 2013

Tunisie. Premières Assises de la société civile

Tunisie. Premières Assises de la société civile : vers un projet sociétal d’un genre nouveau mardi 25 décembre 2012 36 2 1Google +1 Pour la première fois de l’histoire de la société civile tunisienne, plus de 170 associations ont décidé de travailler ensemble en vue de l'élaboration d'un projet socio-économique. Une démarche innovante qui doit servir de force de proposition et de moyen de pression sur le monde politique sur des thèmes aussi variés que les libertés, l’organisation politique, l’économie ou encore l’environnement. Une première historique Plus de 600 participants d’environ 170 organismes ont participé du 20 au 23 décembre aux Assises de la société civile tunisienne à Monastir, à l’initiative du Réseau Doustourna, avec la collaboration de trois autres associations organisatrices et de deux ONG internationales : la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), la Ligue internationale des droits de l’homme (LIDH) et le Forum euro-méditerranéen des droits de l’Homme. L’objectif affiché est d’unifier les efforts des forces vives de la société civile et de bâtir un projet commun collaboratif qui affirme les attentes et les aspirations de la société civile et consolide ses acquis. La diversité des intervenants (experts, militants, universitaires, syndicalistes, entrepreneurs, militants associatifs, etc.) et des thèmes abordés a fait de ces journées un forum de débats et de discussions dans une atmosphère euphorisante. Travail tous azimuts Ces quatre jours ne sont que la partie visible de l’iceberg. Depuis le mois de juin, un comité de pilotage rassemblant les associations organisatrice planche sur la préparation de ses assises sous la présidence de Me Mokhtar Trifi, président d’honneur de la LTDH. 15 ateliers ont été créés répartis en quatre grands thèmes : développement économique et social, réforme du système éducatif et promotion des arts et de la culture, régime politique, décentralisation et démocratie participative et respect des principes des droits de l’Homme et des libertés fondamentales et protection de l’environnement. S’en sont suivis des réunions périodiques pour chaque atelier entre membres des associations organisatrices pour collecter les informations et déterminer les points essentiels à aborder. Ce travail de balisage a permis aux participants de se mettre rapidement au travail durant ces assises selon une méthodologie en trois étapes : état des lieux et diagnostics, déduction des problématiques et rédaction des propositions. Sur certains sujets transverses, des ateliers se sont ponctuellement regroupés afin de faire des propositions communes. Au terme de trois jours d’intenses et souvent épuisants efforts, chacun des 15 ateliers a rédigé avec le concours d’experts et de juristes un rapport final composé de recommandations basées sur des études et des recherches récoltées au préalable. Ces travaux ont été l’occasion d’échanges en avis parfois contradictoires, mais aucun rapport n’a manqué à l’appel. Certains ateliers ont même travaillé jusque très tard dans la nuit de samedi à dimanche pour mettre la dernière touche à leurs propositions. Communication réussie Fidèles à leur logique de décentralisation, y compris en matière d’information, les organisateurs ont à la fois invité la presse et créé leur propre cellule de communication. Une commission formée de journalistes et de blogueurs a été mise en place. Cette équipe s'est chargée de couvrir la totalité de l'évènement et de mettre à disposition des informations, des photos et des vidéos sur internet à travers différents réseaux sociaux, blogs et journaux électroniques. Le réalisateur de « Rouge Parole » Elyes Baccar était aussi présent et a filmé l'intégralité des Assises en vue de réaliser un film. Animation culturelle Si l’ambiance était studieuse, la bonne humeur et la culture étaient également au rendez-vous. Après la conférence d’ouverture donnée par des représentants des associations organisatrices, les participants ont eu droit à un concert donné par le groupe « Ayoun el kalam » dans une ambiance festive et bon enfant. Les deux journées suivantes se sont déroulées de manière similaire, à savoir : deux séances de travail le matin et deux autres l'après-midi. Les deux soirées ont quant à elles été animées chaque fois par une conférence-débat et par la projection d’un film organisée par le ciné-club « La Plume ». Première manche gagnée pour la société civile L’enjeu était aussi pour la société civile de se connaitre, de lier des liens à travers les régions et surtout d’apprendre à travailler en commun au-delà des divergences. Un pari, dont la première manche a visiblement été remportée haut la main par les organisateurs, puisque la clôture a pu avoir lieu dans les temps impartis avec un compte-rendu des recommandations de chaque atelier. Le communiqué final a même été accueilli par de longs applaudissements d’une assistance satisfaite du travail accompli, le stress de la préparation laissant la place à l’émotion. Quid du projet sociétal maintenant ? Le fruit de ces assises sera collecté et servira à la rédaction d’un livre blanc. Celui-ci sera par la suite largement distribué dans tout le pays et surtout transmis à toutes les formations politiques sans exception. Une tournée nationale formée d'une suite de conférences et de débats se tiendra et aura principalement pour but de vulgariser et de présenter ce projet en vue d'ouvrir un débat national autour des thèmes abordés. Ce travail collaboratif sera également soumis aux discussions et pour permettre aux différentes régions du pays d'y apporter leurs contributions. Les organisateurs ont décidé que ces Assises se tiendront annuellement pour mettre à jour cette vision sociétale, l'améliorer et l'adapter à l'évolution du pays et de la société. Rached Cherif nouveau.html#sthash.L7t0f3zm.dpuf