lundi 9 janvier 2012

Un voile mordoré pour abriter le département des Arts de l'Islam au Louvre

Un voile mordoré pour abriter le département des Arts de l'Islam au Louvre


Alors que des ouvriers s'activent à terminer la verrière, entourée d'une résille tridimensionnelle de métal doré et argenté, l'architecte italien reconnaît que la réalisation du voile a été "très difficile". Cette peau est composée de quelques 2.350 triangles que l'on peut ouvrir pour en assurer l'entretien. ( © AFP Thomas Samson)

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PARIS (AFP) - Après la Pyramide de Pei, le Louvre a coiffé son nouveau département des Arts de l'Islam d'un voile mordoré qui ondule au dessus de la Cour Visconti près de la Seine. Un défi architectural qui a donné du fil à retordre à ses concepteurs, Mario Bellini et Rudy Ricciotti.

Le chantier du département des Arts de l'Islam est désormais presque terminé. Tout sera prêt en mai mais le calendrier politique, avec l'élection présidentielle, pourrait conduire à une inauguration plutôt après l'été.

"Il s'agit de présenter la face lumineuse de cette civilisation qui engloba en son sein une humanité infiniment variée et riche", explique le président du musée Henri Loyrette, qui avait souhaité sortir les arts de l'Islam de leur "marginalisation" dès son arrivée au Louvre en 2001.

"Le mot Islam, il faut l'assumer, lui redonner sa grandeur, il faut le porter, il ne faut pas le laisser aux djihadistes", ajoute Sophie Makariou, directrice du département.

Le projet de doter le Louvre d'un véritable département des Arts de l'Islam a été lancé en octobre 2002 par Jacques Chirac, désireux de conforter la "vocation universelle" du musée le plus fréquenté au monde. Le président Nicolas Sarkozy a posé la première pierre en juillet 2008.

Riche de 15.000 pièces, la collection d'art islamique du Louvre a sommeillé dans des réserves pendant des décennies avant d'être exposée partiellement en sous-sol dans des espaces contraints. Depuis 2008, la section est fermée et les oeuvres ont été minutieusement inventoriées.

Enrichie de 3.400 oeuvres déposées par le musée des Arts décoratifs voisin, la collection va pouvoir se déployer sur deux niveaux (rez-de-cour et sous-sol) et disposer de 4.600 m2 d'espaces muséographiques.

"Nous avons voulu bâtir un voile léger, comme s' il était soutenu par le vent, un voile élégant et poétique qui filtre la lumière tout en permettant d'apercevoir les façades historiques de la Cour Visconti", a expliqué Mario Bellini lors d'une visite de chantier.

Alors que des ouvriers s'activent à terminer la verrière, entourée d'une résille tridimensionnelle de métal doré et argenté, l'architecte italien reconnaît que la réalisation du voile a été "très difficile". Cette peau est composée de quelque 2.350 triangles que l'on peut ouvrir pour en assurer l'entretien.

"Nous avons étudié des dizaines, des centaines d'échantillons de matériaux", souligne M. Bellini.

La verrière, qui n'est pas accolée aux façades, est soutenue par huit piliers très minces, toujours dans un souci de légèreté.

Auparavant, la cour Visconti a dû être excavée à 12 mètres de profondeur et des milliers de mètres cubes de terre ont dû être évacués par un porche étroit. L'équipe a creusé sous l'aile qui abrite les salles où est exposé "Le Sacre de Napoléon" de David, avec des techniques très sophistiquées.

Les fondations ont été reprises et abaissées. Des colonnes ont été coulées dans le sol, par injection de béton à très haute pression.

L'architecte français Rudy Ricciotti a souligné la difficulté technique de "la partie non visible de l'iceberg". Il reconnaît avoir eu par moment des sueurs froides. "J'ai fait un cauchemar. J'ai rêvé qu'une façade côté Seine s'écroulait", raconte-t-il.

En périphérie, les fondations ont donné "de grosses frayeurs" aux architectes. Mais les bâtiments n'ont "pratiquement pas bougé". "Le déplacement maximum enregistré a été de 2,5 millimètres. Ce n'est rien", indique Gérard Le Goff, directeur général des travaux pour la maîtrise d'oeuvre.
source libé
© 2012 AFP