mardi 17 janvier 2012

La Tunisie fête une année sans Ben Ali

La Tunisie fête une année sans Ben Ali

TUNIS, ENVOYÉE SPÉCIALE - Quelques milliers de Tunisiens défilaient toujours, samedi soir 14 janvier, sur l'avenue Habib Bourguiba à Tunis pour commémorer le premier anniversaire de la chute de l'ancien régime et la fuite, le même jour, il y a exactement un an, de l'ancien président Zine El-Abidine Ben Ali.
Dès le matin, la foule avait commencé à se rassembler . Mais ce n'est pourtant pas l'euphorie qui règne ici, plutôt une confusion entre les différents groupes de manifestants, les islamistes d'un côté, les communistes et les forces de gauche de l'autre. Entre les deux camps, les échanges agressifs ont parfois fusé, voire quelques coups de coups de poing.


De nombreuses manifestations de partis et de tendances différentes se font face sur l'avenue Habib Bourguiba pour cette commémoration.Nicolas Fauque
" Hé, tu viens de Bolivie ? ", a ainsi été apostrophé un militant du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT) par un autre d'Ennahda, le parti islamiste désormais au pouvoir . Devant les marches du théâtre national, salafistes, drapeaux noirs à la main, et islamistes ont chanté et repris en chœur " Mort à Israël ! ". Plus haut sur l'avenue, au balcon de leur local, le nouveau syndicat de la police chantait l'hymne national. À côté du ministère de l'intérieur, une stèle portant le nom de 13 policiers tués pendant la révolution a été inaugurée presqu'en catimini, loin de la foule.

PRÉSENCE OFFICIELLE DU QATAR ET DE L'ALGÉRIE

L'ambiance était plus solennelle dans l'après-midi au palais des congrès de Tunis, à l'endroit même où avait été annoncé le résultat des premières élections libres du 23 octobre 2011.

Devant un parterre d'ambassadeurs, d'élus tunisiens et d'invités, les trois têtes du nouvel exécutif tunisien, le président Moncef Marzouki, le président de l'Assemblée consitituante Mustapha Ben Jaafar, et le chef du gouvernement Hamadi Jebali ont tour à tour salué la révolution et ses martyrs devant des hôtes de marque quasiment exclusivement arabes.


Arrivée de Abdelaziz Bouteflika, dirigeant de l'Algérie, au Palais des Congrès.Nicolas Fauque
Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, s'est notamment dit " content de partager cette révolution. (...) La reconstruction est un grand défi pour [les Tunisiens], mais vous en êtes bien capables !". À sa suite, l'émir du Qatar, dont la présence a suscité à l'extérieur, dans la rue, quelques réactions négatives avec des pancartes " Dégage Qatar ! ", a lui aussi félicité le peuple tunisien et annoncé la création d'un fonds qatari pour aider les familles des martyrs.

Le président mauritanien, le vice-président turc, le chef du conseil national de transition libyen, se sont ensuite succédés à la tribune. Mais l'on peut s'interroger sur ce que pensaient secrètement tous ces dirigeants arabes qui n'ont, à l'exception de la Libye, pas été concernés par le printemps arabe. Surtout, lorsque le président tunisien Moncef Marzouki a conclu son discours par ces mots : " Je souhaite pour vos peuples qu'ils trouvent la liberté".

Isabelle Mandraud
source le monde