dimanche 2 octobre 2011

Six morts dans l'incendie d'un bâtiment squatté par des migrants à Pantin

Six morts dans l'incendie d'un bâtiment squatté par des migrants à Pantin


Claude Bartolone, député PS et président du conseil général de Seine-Saint-Denis, a décrit un "nouveau drame lié au manque de places en hébergement d'urgence, qui a mené ces personnes à se mettre à l'abri dans des locaux pas du tout faits pour ça". ( © AFP Johanna Leguerre)
PANTIN (AFP) - Six personnes, probablement des immigrés tunisiens illégaux, ont péri mercredi dans l'incendie apparemment accidentel d'un immeuble squatté à Pantin.

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a dénoncé les "filières criminelles de l'immigration irrégulière", Claude Bartolone, le président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis et député, évoquant lui un "nouveau drame lié au manque de places en hébergement d'urgence".

L'incendie est survenu vers 06H00 dans un immeuble de deux niveaux dans un étroit passage à Pantin, dans un quartier en rénovation urbaine. L'immeuble appartenant à la municipalité, promis à la démolition, avait été muré par la ville.

Mais une trentaine de squatteurs y avaient trouvé refuge.

"L'incendie a été éteint par les pompiers vers 07H15", a indiqué sur place le préfet du département, Christian Lambert.

"Les victimes sont décédées par asphyxie ou carbonisées, dix personnes ont été évacuées et quatre personnes ont été très légèrement blessées en sautant par la fenêtre du premier étage", a ajouté le procureur de la République de Bobigny, Sylvie Moisson.

Selon les premiers témoignages, l'incendie a été provoqué par une bougie mal éteinte. La brigade criminelle a été chargée de l'enquête.

Les victimes seraient des Tunisiens et des Egyptiens, "probablement" en situation irrégulière, ont rapporté M. Lambert et Mme Moisson.

M. Guéant a lié ce sinistre "à une réalité tragique, dramatique de l'immigration clandestine". Il a dénoncé "des filières criminelles, qui rançonnent les candidats à l'immigration, (...) et les laissent face à une vie d'errance et de malheur".

Le maire PS de Pantin, Bertrand Kern, a qualifié ces propos de "scandaleux". "Ce n'était pas une filière d'immigration clandestine, un des rescapés m'a montré son titre Schengen", a-t-il affirmé. Les rescapés sont des Tunisiens d'une vingtaine d'années, des "migrants récents", a-t-il dit.

Pour Rodolphe Nettier, porte-parole de l'association SOS-Soutien aux sans-papiers, "les réfugiés tunisiens ont été harcelés quotidiennement par la police pour (...) qu'on ne les voie plus. C'est M. Guéant qui les a mis dans cette situation-là".

Sur France Inter, Arno Karsfeld, président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration a affirmé que "la France n'a pas les moyens de loger tous les immigrants en situation irrégulière", mais que la responsabilité de l'Etat n'était "pas engagée".

Le patron PS du conseil général, Claude Bartolone, y voit un "nouveau drame lié au manque de places en hébergement d'urgence, qui a mené ces personnes à se mettre à l'abri dans des locaux pas du tout faits pour ça".

"C'est un drame de la misère, de l'immigration, de l'absence de solidarité de l'Europe avec un pays qui s'est battu pour plus de démocratie", a-t-il déploré, en allusion au printemps arabe en Tunisie et en Egypte.

"On a laissé crever des travailleurs immigrés", a dénoncé, "indignée", Harmonie Bordes, une habitante de Pantin. "Il y a quelques mois, ils étaient par terre porte de Pantin et à la Villette. Ils étaient à la recherche d'un abri".

Des dizaines de Tunisiens, arrivés au printemps, s'étaient installés dans le parc de la Villette, près de Pantin.

L'immeuble "était squatté depuis un moment, au moins deux mois. Tout le monde le savait", a affirmé Mustapha, gérant du café Le Montgolfier, situé près du lieu du drame.

"Nous avions découvert récemment que le site était squatté. Nous avions engagé une procédure d'expulsion", a ajouté Philippe Bon, directeur de cabinet du maire de Pantin.

Bertrand Kern a été appelé par d'autres élus du département, en solidarité. "Les maires de Seine-Saint-Denis, on est tout seul", s'est-il plaint. En juin, dans ce même département, une Malienne et ses deux enfants avaient péri à Montreuil quand l'immeuble qu'ils squattaient s'est effondré.

© source 2011 AFP
libé