jeudi 1 septembre 2011

À Paris, l’aide d’urgence aux immigrés tunisiens s'achève


À Paris, l’aide d’urgence aux immigrés tunisiens s'achève
Face à l’afflux de Tunisiens sans papiers à Paris après la chute de Ben Ali en janvier, la mairie de la ville avait voté une aide d’urgence. Ce dispositif qui prend fin mercredi, laisse plusieurs dizaines de personnes en situation de précarité.
Par Gaëlle LE ROUX (texte)
Le dispositif d’aide d’urgence aux migrants tunisiens à Paris arrive à terme mercredi. Mis en place au mois d’avril par la mairie, au moment où des centaines de Tunisiens en situation irrégulière affluaient vers la capitale française, ce dispositif visait à leur offrir un hébergement, de la nourriture ainsi qu’une assistance médicale, juridique et administrative.

"Depuis avril, nous avons débloqué 1 425 000 euros en trois fois pour venir en aide aux migrants tunisiens", explique Pascale Boistard, adjointe chargée de l’intégration et des étrangers non-communautaires à la mairie de Paris. "Nous avons trouvé 300 places en hébergement d’urgence, accompagné les associations caritatives mobilisées à leurs côtés, effectué des maraudes…", énumère-t-elle.

Un millier de Tunisiens sont venus à Paris

En janvier dernier, dans la confusion qui a suivi la chute de Zine el-Abidine Ben Ali après 23 ans au pouvoir, les candidats à l’immigration clandestine – principalement de jeunes hommes originaires des régions pauvres du sud du pays – se sont rués sur les bateaux pour rejoindre l’île italienne de Lampedusa, porte d’entrée de l’éden européen. En ligne de mire : la France.

Près de mille Tunisiens ont afflué vers la capitale française. À leur arrivée, le paradis tant espéré n'est pas au rendez-vous. Les autorités françaises ne leur ont pas déroulé le tapis rouge, bien au contraire.
Venus chercher du travail, persuadés de gagner rapidement de l’argent, ils affrontent le froid et la faim. Nombre d’entre eux dorment dans des parcs, s'alimentent grâce au soutien d’associations humanitaires. Face à la gravité de la situation, le conseil municipal de Paris vote, le 26 avril, une aide d’urgence.

Quatre mois après sa mise en place, la ville de Paris met fin à ce dispositif afin de préparer un plan hivernal consistant à trouver des places en hébergement d’urgence accessibles à tous les sans domicile fixe, Tunisiens ou non. "Cette année, nous devons gérer avec un quart de places en hébergement d’urgence en moins alloué par l’État", explique-t-elle, dans un soupir, avant d’ajouter : "le dispositif d’aide aux Tunisiens voté par la mairie était un plan d’urgence, il n’était pas destiné à durer. Il a été prolongé à deux reprises mais nous ne pouvons pas aller plus loin. On a tout assumé financièrement, on a été abandonné par l’État. La seule présence dont l’État a su faire preuve, ce sont les arrestations et les opérations d’évacuation".

Aide au retour

Le plan d’urgence a permis d’éviter le pire. Sur le millier de Tunisiens sans toit et sans papiers qui erraient dans les rues de Paris au printemps, la plupart ont trouvé refuge dans leurs familles ou dans des structures associatives. Certains d'entre eux – mineurs, malades ou en passe d’obtenir un contrat de travail – pourront continuer à bénéficier d’un accompagnement et d’une aide. Cependant, selon la mairie de Paris, environ 80 Tunisiens arrivés au Printemps s’apprêtent à vivre dans des conditions difficiles. "Ceux-là vont faire l’expérience de la précarité", prédit Pierre Henry, directeur général de l’association France terre d’asile.

Pour ces Tunisiens, reste l’option du retour volontaire. L’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) offre aux migrants souhaitant regagner leur pays un billet d’avion ainsi qu’une enveloppe de 300 euros au titre de l’aide humanitaire au retour. "Beaucoup d’entre eux souhaiteraient rentrer, mais pas à n’importe quel prix, estime Cyril Vanier, journaliste pour FRANCE 24, auteur d’un reportage consacré aux migrants tunisiens en juillet dernier. Il a fallu qu’ils paient en moyenne mille euros aux passeurs pour arriver à Lampedusa. Beaucoup se sont endettés pour partir. Il faut rembourser cette dette. C’est la raison pour laquelle un certain nombre de gens qui souhaitent rentrer en Tunisie ne prennent pas l’offre de l’OFII".

Lors de sa dernière délibération, en juillet, le conseil municipal de Paris a une nouvelle fois débloqué des fonds visant à compléter l’aide au retour volontaire. "Une aide supplémentaire de 700 euros, au titre de l’aide à l’insertion, est accordée par la mairie de Paris aux Tunisiens hébergés à Paris et qui ont obtenu l’aide au retour de l’OFII, explique Pascale Boistard. Nous ne pouvons pas faire profiter de cela aux non-Parisiens, cela sortirait des compétences de la municipalité". Pour l’heure, environ 70 personnes ont bénéficié de cette aide au retour. D’autres devraient suivre car d'après l’élue : "Le montant débloqué par la mairie de Paris permet d’aider encore une trentaine de Tunisiens à retourner dans leur pays".
source France24