samedi 10 septembre 2011

Après onze ans d'interdiction, la LTDH entame les travaux de son 6ème congrès

Après onze ans d'interdiction, la LTDH entame les travaux de son 6ème congrès
VENDREDI, 09 SEPTEMBRE 2011 17:57
TUNIS (TAP) - Sous le signe "Vigilance pour réussir la transition démocratique", le 6ème congrès de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH) a entamé ses travaux, vendredi après-midi à Tunis, après onze ans d'interdiction et de répression exercées par l'ancien régime.

"Le congrès de la LTDH se tient dans une conjoncture exceptionnelle suite à la Révolution qui a libéré le pays de la dictature et de l'oppression et a permis à la Ligue d'ouvrir une nouvelle page de son histoire", a affirmé le président de la LTDH, Mokhtar Trifi, à l'ouverture du congrès marquée par la présence du Premier ministre du gouvernement de transition Béji Caid Essebsi.
Le 6eme congrès de la LTDH se tient après une interdiction de plus de dix ans. le dernier congrès de la LTDH date de l'an 2000. La LTDH avait été empêchée à deux reprises de tenir son congrès durant la dernière décennie, bloquée par des jugements judiciaires qui étaient en réalité des décisions politiques », a précisé le président sortant de la LTDH.

Le régime de Ben Ali a exercé sur le peuple une répression sévère d'où la nécessité d'oeuvrer en vue de défendre les droits des citoyens avec célérité et efficacité a poursuivi M. Trifi. Il a aussi assuré que l'un des principaux acquis de la Tunisie d'aujourd'hui est l'égalité des droits entre la femme et l'homme. Il est exclu, a-t-il soutenu, de renoncer aux droits acquis dans ce domaine, appelant le gouvernement de transition à lever les réserves de la Tunisie sur la CEDAW et à supprimer la peine de mort qui, a-t-il estimé, n'a aucune raison d'être en Tunisie d'autant plus que la dernière exécution date de 1993.

La ligue, a-t-il affirmé, revendique aujourd'hui la réalisation d'une justice indépendante qui assume pleinement son rôle, loin de toute ingérence politique et de pressions financières ou médiatiques.

Parmi les priorités de la LTDH, a-t-il ajouté, on relève la nécessité de contribuer à la réussite du processus de transition démocratique. Il a rappelé que la LTDH participe dans le cadre d'une coalition de la société civile à la mise en place d'un observatoire national des élections qui sera chargé de la formation de 6 mille observateurs pour la prochaine élection de la constituante. Il a appelé les partis politiques à contribuer au processus électoral.

M. Trifi a aussi insisté sur l'importance de réhabiliter l'institution sécuritaire afin que ses interventions se fassent dans le respect des droits du citoyen et de son intégrité physique. "Nous n'admettrons pas que des personnes puissent bénéficier de l'impunité quelles que soient ses responsabilités et sa position''.

Le Premier ministre du gouvernement de transition Béji Caïd Essebsi a pour sa part souligné que la LTDH, grand acquis national, "a pu tenir ce congrès grâce aux sacrifices consentis par nombre de militants".

Passant en revue les décisions du gouvernement de transition durant les six derniers mois, il a cité en particulier l'amnistie générale. Des mesures sont actuellement en cours d'examen afin de procéder au dédommagement des victimes des violations des droits de l'homme en Tunisie, a-t-il indiqué.

Le gouvernement a également levé certaines réserves émises par la Tunisie sur des protocoles et des conventions internationales en rapport avec les droits humains, a-t-il précisé. Le conseil des ministres, réuni vendredi, a approuvé deux projets de décrets autorisant le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme à ouvrir un bureau à Tunis outre l'approbation des deux projets de décrets relatifs aux partis politiques et aux associations.

"La justice est aujourd'hui indépendante en Tunisie, et ne souffre d'aucune ingérence du gouvernement ou du ministère de la Justice", a-t-il soutenu, réaffirmant que la mission du gouvernement de transition prendra fin le 23 octobre, jour du scrutin pour les élections de la Constituante, qui seront supervisées par une instance indépendante.

Pour la première fois de son histoire, le congrès de la LTDH s'ouvre en présence d'un Premier ministre des divers gouvernements qui se sont succédé en Tunisie.

Etaient également présents à la séance d'ouverture, des membres du gouvernement, des ambassadeurs accrédités à Tunis, des représentants d'organisations nationales et de partis politiques ainsi que de plusieurs ONG et réseaux arabes, régionaux et internationaux exerçant dans le domaine des droits de l'Homme.