vendredi 19 août 2011

Madrid: face-à-face entre les pélerins des JMJ et les pro-laïcité

Madrid: face-à-face entre les pélerins des JMJ et les pro-laïcité

Madrid sous tension. Alors que la ville accueille en ce moment les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), des milliers de défenseurs de la laïcité ont manifesté ce mercredi dans la capitale espagnole contre la visite du pape Benoît XVI, dont l'arrivée est prévue jeudi.

De part et d'autre des importants cordons de policiers qui les séparaient, manifestants et pèlerins des JMJ se sont retrouvés face-à-face sur la place de la Puerta del Sol, dans le centre de la capitale espagnole. Les anti-laïcité ont été accueillis aux cris de «Vive le pape», «Cette jeunesse est celle du pape». D'autres chantaient «Alleluia», priaient ou jouaient de la musique.

Des «indignés» parmi les manifestants

Le ton est parfois monté, des cris de «Pédéraste, attention aux enfants» ou «Votre pape est un nazi» fusant du côté des manifestants. Plusieurs milliers d'entre eux s'étaient rassemblés dans la soirée derrière une pancarte portant les mots «De mes impôts, zéro centime pour le pape. Etat laïc», répondant à l'appel d'environ 140 associations de défense de la laïcité, de chrétiens progressistes, de militants de gauche ou de la cause homosexuelle.

De tous âges, ils criaient des slogans ou portaient des pancartes avec les mots: «Cette jeunesse n'est pas celle du pape», «Stop, transphobie, sexisme, homophobie», «Et non, et non avec mes impôts» ou «Nous exigeons un véritable état laïc, la liberté de conscience est un droit».

Les manifestants promenaient une fausse papamobile, occupée par un faux pape dansant, une tête de diable posée sur le capot, suivie par une petite cohorte de religieuses. Des manifestants du mouvement des «indignés» participaient au défilé, autour de deux photos géantes du pape et de l'écrivain français Stéphane Hessel, auteur du manifeste Indignez-vous. Les deux portraits étaient légendés par ces mots: «Choc de titans», «Joseph 'sainteté' Ratzinger, Stéphane 'indigné" Hessel».

Un «flashmob» pour le pape

«On leur fournit une aide que l'on ne donne à personne d'autre pour la simple raison qu'ils sont religieux, comme l'ouverture d'écoles publiques et de salles sportives, et des réductions sur le prix du métro», s'indigne Irene, une étudiante de 20 ans portant le drapeau républicain rouge, jaune, violet. «Que chacun croit en ce qu'il veut, mais quand vient leur leader, qu'ils paient».

Jeudi, Benoît XVI sera accueilli à Madrid par une nouvelle séance de baisers, convoquée sur Facebook par un collectif de défense des homosexuels et transsexuels, sur le modèle des «flashmobs» qui avaient salué sa précédente visite en Espagne en novembre 2010.

Polémique sur le coût des JMJ

L'Espagne, où le mariage homosexuel a été légalisé en 2005 par le gouvernement socialiste, est l'un des pays où la tradition catholique accuse le plus fort recul, face à de puissants courants laïcs qui ont suscité des condamnations du Vatican. Les défenseurs de la laïcité ont calculé que les différentes administrations auront dépensé plus de cent millions d'euros pour ces JMJ, où sont attendus jusqu'à dimanche un million de pèlerins, un coût jugé exorbitant alors que l'Espagne, étranglée par la crise, affiche un taux de chômage de plus de 20%.

Ils dénoncent notamment les coûts liés à la sécurité (plus de 10 000 policiers mobilisés), à l'hébergement, avec la mise à la disposition des pèlerins d'écoles et de salles de sport publiques. Ou encore la réduction accordée aux pèlerins sur les transports, au moment où le prix du ticket de métro vient d'être brusquement porté de un à 1,50 euro.

Les organisateurs des JMJ font eux valoir que ces journées, avec un coût estimé à 50,5 millions d'euros, sont autofinancées par les contributions des pèlerins et les dons d'entreprises, et évaluent à cent millions d'euros les retombées pour l'économie locale et le tourisme.

source LeParisien