mardi 16 août 2011

La femme tunisienne, un patrimoine national

La femme tunisienne, un patrimoine national(e) [HQ]
Jalila Hafsia : "Il y a toujours un passé derrière, les gens ne sont pas venus comme ça, il y a eu des femmes qui ont tenu des réunions … à l'époque avant l'indépendance et après, il avait déjà un tissu social … je ne me rappelle pas du tout qu'il y a un changement quelconque par rapport à ma mère, par exemple … La Tunisie n'est pas tout à fait à l'image des autres pays … indéniablement, il n'y a aucune commune mesure entre la Tunisie et le reste du monde arabe ni de l'Afrique dans cette catégorie là (cad le statut de la femme)". La femme tunisienne qui a contribué à faire de la Tunisie une particularité par rapport aux autres pays arabes, elle se sent aujourd'hui menacée par des esprits restés figés pendant 23 ans d'inertie à la suite d'un pouvoir qui a exercé un despotisme politique et intellectuel. Ce pouvoir qui, en refoulant les libertés de penser partout dans le pays et surtout dans les universités, et se souciant peu du niveau de l'enseignement le dégradant jusqu'à le rendre équivalent à celui qui l'exerçait, a permis le foisonnement de jeunes endoctrinés par des idéologies importées. Les promoteurs de ces idéologies, à des fins bien connues, veulent faire main basse sur la Tunisie et dénaturer son aspect social et culturel solidement tissé pendent des siècles. Un devoir de conscience et de mémoire envers ce pays et ceux qui l'ont bâti pour qu'il ne soit pas spolié de son patrimoine historique et culturel solidement ancré même si l'on a essayé d'en extirper une partie, ce devoir nous oblige à ne pas laisser certains malfrats et autres esprits malveillants et obscurs détruire ce qu'il en reste. Pour la sauvegarde de nos acquis, ce que les partis politiques ne sont pas en mesure d'assurer, les organismes à caractère associatif, culturel, artistique et autres en sont capables en allant vers les régions défavorisées et en créant une solidarité nationale dans un esprit de citoyenneté. Faisant partie de ce patrimoine dont certains courants idéologiques tendent à occulter, j'en cite Tawhida Ben Cheikh, une de notre fierté nationale: Tawhida Ben Cheikh (توحيدة بن الشيخ), née le 2 janvier 1909 à Tunis et morte le 6 décembre 2010, est un médecin, pédiatre puis gynécologue tunisienne et la première femme musulmane du monde arabe à exercer ces métiers. Issue d'une famille aisée de la ville de Ras Jebel, elle fréquente le Lycée de la rue du Pacha entre 1918 et 1922 puis, en 1928, devient la première bachelière musulmane de Tunisie. Elle poursuit ses études à la faculté de médecine de Paris et en sort diplômée en 1936. Rentrée à Tunis, elle exerce la médecine privée car les services hospitaliers publics sont contrôlés par les autorités françaises. Après la médecine générale et la pédiatrie, elle s'oriente vers la gynécologie : elle contribue à mettre en place le planning familial tunisien au travers du service qu'elle crée à l'hôpital Charles-Nicolle en 1963 puis au travers de la clinique qu'elle ouvre en 1968 ; elle devient directrice du planning familial en 1970. Elle prend en parallèle la tête des services de maternité des hôpitaux Charles-Nicolle (1955-1964) et Aziza Othmana (1964-1977). Vice-présidente du Croissant rouge tunisien, elle prend la tête en 1937 de la revue féminine Leïla. Morte le 6 décembre 2010 à l'âge de 101 ans, elle est inhumée le lendemain après-midi. Elle est la mère de l'archéologue tunisienne Zeïneb Benzina et la nièce de l'homme politique Tahar Ben Ammar. Ghazi Riahi