dimanche 24 juillet 2011

La Belgique interdit le port du niqab dès samedi

La Belgique interdit le port du niqab dès samedi
L'interdiction du port du voile intégral, que la Belgique mettra en application samedi quelques mois après la France, risque d'aggraver l'exclusion des femmes au lieu de les libérer, estime le commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe. ( LP / Frédéric Dugit )

Camille Gicquel | 21.07.2011, 15h29 | Mise à jour : 22.07.2011, 09h50
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Près de quatre mois après la France, l'interdiction du port du voile intégral entrera en vigueur samedi en Belgique. Les femmes qui porteront le voile recouvrant totalement leur visage dans des lieux publics seront condamnées à une amende de 137,50 euros et à une peine d'emprisonnement de sept jours, une législation plus sévère que dans l'Hexagone où la loi prévoit une amende de 150 euros ainsi qu'un stage de citoyenneté.


La commission aux droits de l'homme, une institution non judiciaire indépendante au sein du Conseil de l’Europe dont l'objet est de « promouvoir la prise de conscience et le respect des droits de l’homme » dans les quarante-sept Etats membres de l’organisation, a exprimé son inquiétude quant à cette loi. « Il se pourrait fort bien que cette interdiction constitue une violation des normes européennes des droits de l'Homme et en particulier du droit au respect de la vie privée et de l'identité personnelle », a estimé le commissaire Thomas Hammarberg.

Plutôt que de les libérer, cette loi risque « d'aggraver l'exclusion des femmes, a-t-il estimé. « Il est très probable que ces lois stigmatiseront encore davantage ces femmes et les couperont encore plus de l'ensemble de la société », a-t-il ajouté.

Une loi qui concerne « un petit nombre » de femmes

Déjà en discussion depuis cinq ans, la loi devait initialement être approuvée début 2010, mais le vote final avait été reporté du fait des instabilités politiques du pays, et notamment la chute du gouvernement en avril dernier. Pour Hammarberg, cette mesure aurait conduit certaines femmes à « limiter le temps passé hors de chez elles », relève le commissaire suédois, citant un rapport des Fondations pour une société ouverte, (créées et financées par le milliardaire américain Georges Soros).

« Faire, comme on l'a fait, des pratiques vestimentaires d'un petit nombre de femmes un problème central nécessitant d'urgence débats et initiatives législatives, c'est tristement capituler face aux préjugés des xénophobes », déplore le commissaire, qui avait déjà condamné en mars 2010 les projets d'interdiction générale du voile intégral.

La Belgique devient ainsi le second pays européen à légiférer dans ce domaine, au moment même où plusieurs voix se font entendre dans d'autres pays européens tels que l'Autriche, le Danemark et les Pays-Bas, demandeurs de mesures similaires. Selon les estimations, cette interdiction concernerait 270 femmes en Belgique. La France, où la loi est en vigueur en France depuis le mois d'avril, est quant à elle, le premier pays européen à avoir procédé à cette interdiction généralisée. Elle est interdit de se dissimuler le visage -avec un voile, un casque ou une cagoule- dans l'espace public, c'est-à-dire la rue, les jardins publics, les gares ou les commerces.
source le parisien