dimanche 24 juillet 2011

Espagne: deux mois plus tard, les "indignés" de retour à la Puerta del Sol

Espagne: deux mois plus tard, les "indignés" de retour à la Puerta del Sol

Deux mois après leurs premières manifestations, les "indignés" ont repris possession pour deux jours de la place de la Puerta del Sol à Madrid, point de départ symbolique du mouvement où ont convergé samedi six caravanes arrivées de toute l'Espagne.
Dans la soirée, des milliers de manifestants ont envahi une nouvelle fois la Puerta del Sol, sous une grande banderole portant les mots: "Stop the New World Order" (Arrêtez le nouvel ordre mondial).

Depuis un mois, de petits groupes équipés de matériel de camping ont parcouru des centaines de kilomètres depuis Barcelone, Malaga, Valence, Bilbao, la Galice ou l'Estrémadure, organisant des assemblées populaires dans chaque village.
Direction Madrid, où les "indignés" se sont donné rendez-vous samedi et dimanche pour dénoncer une nouvelle fois le chômage (21,29%), les excès du capitalisme, la corruption, les hommes politiques accusés de ne pas représenter les citoyens.
"Nous sommes ici pour maintenir l'élan du mouvement", expliquait Ivan Gracia, étudiant en philosophie de 24 ans venu de Saragosse, dans le nord, qui s'apprêtait à passer la nuit sur la place.
Armés de marteaux, de planches et de ficelle, les manifestants ont dressé quelques stands sur la Puerta del Sol, occupée du 17 mai au 12 juin par leur camp de tentes et qui a retrouvé pour deux jours des airs de bivouac festif et coloré.
"Nous préparons le campement pour accueillir les marches venues de province. Nous installons une nouvelle fois la grande cuisine", lançait fièrement Rafael Rodriguez Ballesteros, 56 ans, restaurateur au chômage qui pendant un mois a préparé des milliers de repas pour les occupants de la place.
"Nous sommes revenus pour montrer que le mouvement n'est pas mort, malgré les vacances".
Au même moment, les "marches indignées" atteignaient les portes de Madrid, rejointes par les habitants des quartiers de la capitale.
Dimanche, les "indignés" prévoient de manifester jusqu'à la Puerta del Sol, un mois après leur dernière grande mobilisation, le 19 juin, qui avait rassemblé plus de 200.000 personnes dans toute l'Espagne.
Fort d'un large appui populaire - les deux tiers des Espagnols le soutiennent, selon les enquêtes d'opinion - le mouvement, sans précédent en Espagne, s'est enraciné dans tout le pays depuis la mi-mai.
"En deux mois, nous avons obtenu quelques réponses", remarquait Fernando Carasa, étudiant en anthropologie de 26 ans.
"Nous avons arrêté une soixantaine d'expulsions, créé une pression sociale, réussi une mobilisation plus importante que tout autre parti politique", soulignait cet étudiant, membre du groupe de travail "politique".
De fait, les "indignés" ont pris pour habitude de manifester pour empêcher les expulsions de propriétaires incapables de faire face à leurs emprunts immobiliers, l'une des retombées sociales les plus explicites de la crise économique.
Avec un succès certain puisque des dizaines d'expulsions ont été au moins retardées ces dernières semaines dans toute l'Espagne.
Le gouvernement, embarrassé par ce mouvement citoyen où se côtoient chômeurs, salariés, retraités ou étudiants, a semblé apporter une première réponse en annonçant le 1er juillet des mesures d'aide aux foyers surendettés.
Et le candidat socialiste aux législatives de mars 2012, Alfredo Perez Rubalcaba, a annoncé qu'une réforme de la loi électorale, réclamée par les "indignés", serait inscrite à son programme.
Sans pourtant convaincre un mouvement qui ne cesse de dénoncer la "fracture" entre les citoyens et le monde politique.
"En août, comme ce sont les vacances, nous allons rester tranquilles", expliquait Fernando Carasa, "avant de mobiliser à nouveau en septembre, et une journée internationale le 15 octobre".
source le parisien