jeudi 23 juin 2011

Ouverture du procès d'un néonazi accusé de l'assassinat d'un Marocain

Ouverture du procès d'un néonazi accusé de l'assassinat d'un Marocain
Emmanuel Rist comparaît, le 20 juin 2011 devant la cour d'assises du Haut-Rhin à Colmar, pour l'assassinat d'un marchand de tapis d'origine marocaine. AFP/FREDERICK FLORIN

Le procès d'un homme déjà condamné pour une profanation de cimetière et une tentative de meurtre s'est ouvert, lundi 20 juin, devant la cour d'assises du Haut-Rhin, à Colmar. Emmanuel Rist, 41 ans, est accusé d'avoir assassiné dans une rue de Gundolsheim (Haut-Rhin), le 22 mai 2001, Mohammed Madsini, un Marocain travaillant dans la vente de tapis à domicile. La victime a été tuée d'une balle dans la nuque. Agé de 46 ans, l'homme était père de cinq enfants.

Selon l'accusation, l'assassin présumé, qui travaillait alors comme réceptionniste de nuit à l'Ecomusée d'Alsace, a agi froidement, vraisemblablement à la suite d'une précédente altercation. Après avoir recherché le marchand, il l'aurait guetté, puis abattu "de façon expéditive". Les motivations racistes de cet assassinat ne font pas de doute pour l'accusation. Elle s'appuie notamment sur les témoignages de comparses d'Emmanuel Rist, qui risque la perpétuité. Le verdict est attendu vendredi.

CABANON PIÉGÉ

"Admirateur fervent du nazisme et raciste patenté" selon le parquet, l'homme a déjà été condamné pour des actes à caractère raciste ou antisémite : il a écopé de trente mois d'emprisonnement, le 12 septembre 2007, pour la profanation du cimetière d'Herrlisheim (Haut-Rhin) en avril 2004, et à dix ans de réclusion criminelle, le 13 mars 2009, pour avoir grièvement blessé un retraité marocain à Rouffach, le 8 septembre 2005, en piégeant son cabanon avec une bombe.

Emmanuel Rist a été mis en cause pour son meurtre présumé en 2007, dénoncé par un de ses complices dans l'affaire d'Herrlisheim, Laurent Boulanger. Ce dernier, qui devait témoigner au procès de M. Rist mercredi, a fait savoir à la cour d'assises qu'il ne souhaitait pas être entendu. Emmanuel Rist, qui avait dans un premier temps reconnu les faits en les minimisant, s'est rétracté depuis. Selon une source proche du dossier, il aurait cependant partiellement reconnu sa responsabilité lors de l'expertise psychiatrique réalisée début juin, dans la perspective du procès.

Décrit par les psychiatres comme psychorigide mais sain d'esprit et d'une intelligence normale, Emmanuel Rist apparaît avant tout comme un nostalgique du IIIe Reich qui se sentait investi d'une mission de défense de la "race aryenne". Lors de son interpellation, un portrait de Hitler, un exemplaire de Mein Kampf et un drapeau nazi avaient été retrouvés à son domicile tandis qu'à son cou était pendue une plaque d'identification militaire allemande datant de la Seconde Guerre mondiale.
source le monde