jeudi 9 juin 2011

Hirsch : « L'argent du RSA ira-t-il dans la poche des riches ? »

Hirsch : « L'argent du RSA ira-t-il dans la poche des riches ? »
Martin Hirsch, ancien haut commissaire aux solidarités actives, a été invité à parler ce mercredi après-midi à la convention sur la justice sociale de l'UMP, qui souhaite « améliorer » le dispositif du revenu de solidarité active (RSA), généralisé il y a deux ans. Le RSA a permis à 140 000 personnes de sortir de la pauvreté, selon une étude publiée par Les Echos.

Hirsch n'aura que six minutes pour s'exprimer, ce qui l'agace déjà beaucoup.

Que va-t-il dire aux gens de l'UMP ? Au téléphone, il suggère qu'il n'aura que le temps de dire un mot, « bonjour ». Il entend en réalité énumérer en accéléré les contrevérités que l'on dit sur le RSA.

Sur France-Info, dans la matinée de mercredi, Hirsch a dénoncé la manœuvre qui selon lui consiste à « prendre l'argent du RSA pour financer l'allégement de l'ISF ».
On patauge toujours dans le débat sur le « cancer de l'assistanat »

Le raccourci peut sembler audacieux, mais il le maintient. Il me renvoie à un article des Echos, qui montre que le RSA a dégagé un excédent d'un milliard en 2010 :

« Cet argent, c'est la différence entre d'un côté, la subvention et la taxe sur les revenus financiers que l'on a créée avec le RSA, et de l'autre les dépenses de RSA pour les gens qui travaillent.

Il est utilisable. Qu'est-il devenu ? Comme par ailleurs on allège l'ISF, on ne peut exclure que ce milliard serve à cela, et finisse donc dans la poche des plus riches. »

La « correction » du RSA poussée par les barons de l'UMP est clairement politique : on nage (patauge ? ) toujours dans ce débat sur « le cancer de l'assistanat » lancé par Laurent Wauquiez, et qu'Hirsch juge « indigne ».

Mais il n'est pas certain que tout cela ne se retourne pas, électoralement, contre l'UMP. Comme le souligne l'ancien haut commissaire, de nombreux électeurs ont été mis à contribution pour financer le RSA, et il n'est pas sûr qu'ils apprécieront le tour de passe-passe :

« Les petits épargnants qu'on a décidé il y a deux ans d'imposer à 1,1% pour financer les revenus de travailleurs modestes ont de quoi s'agacer si cet argent va dans la poche de gens plus riches qu'eux. »

Trois fois moins de « RSA-activité » que prévu

L'excédent de un milliard (999 000 euros pour être précis) vient d'une progression plus faible que prévue du nombre de bénéficiaires du « RSA-activité », ce complément de ressources pour des personnes très modestes qui travaillent.

Dans le budget 2009, comme le rappelle Les Echos, on tablait sur 2 millions de bénéficiaires en 2010 et 2011, soit une dépense de 2,9 milliards. En réalité, on ne comptait fin 2010 que 667 000 bénéficiaires. Résultat, le coût du RSA activité s'établit à 1,3 milliard.

Pour Martin Hirsh, cet argent excédentaire doit revenir dans la poche des travailleurs modestes. Pourquoi ne pas financer des contrats de travail à plein temps par exemple ?

Au lieu de cela, les barons de l'UMP entendent exiger cinq heures de travail aux bénéficiaires du RSA. Pour l'ancien haut commissaire, on marche là aussi sur la tête :

« D'un côté, on veut imposer ces cinq heures. De l'autre, on supprime des contrats aidés et contrats uniques d'insertion dans les mairies, qui sont des contrats de 25 heures ; leur nombre a baissé de 100 000 entre 2009 et 2010 !

Qu'est-ce qui est le mieux pour aider les gens à reprendre pied : créer 100 000 emplois à 25 heures ou demander à 500 000 personnes de travailler 5 heures ? »
rue89