jeudi 23 juin 2011

Des migrants tunisiens expulsés du parc des Buttes-Chaumont à Paris

Des migrants tunisiens expulsés du parc des Buttes-Chaumont à Paris
Mercredi 22 juin, les forces de l'ordre ont interpellé 21 Tunisiens dans le parc des Buttes-Chaumont, à Paris.
Vingt et un Tunisiens ont été interpellés, mercredi 22 juin en fin de matinée, dans le parc des Buttes-Chaumont à Paris, pour être conduits au commissariat du 19e arrondissement de la capitale. Ces migrants campaient là, après leur expulsion le 16 juin d'un immeuble situé à proximité, au 36, rue Botzaris, qu'ils occupaient depuis le 31 mai.

Pour des raisons autant humanitaires que politiques, le cas de ces migrants agite la Twittosphère. Avant la "Révolution de jasmin", le 36, rue Botzaris abritait un local du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali dissous en mars. Selon plusieurs militants qui ont pu y pénétrer entre le 31 mai et le 16 juin, l'immeuble renferme de nombreux documents sensibles datant de la présidence de l'ancien homme fort de Tunis. Elisabeth Magda Anh Laude Leng, militante connue sur le Net sous le pseudonyme MsTeshi, a filmé quelques-unes de ces archives et évoque ses découvertes sur le site Puzzle.eu. Pourtant, elle ne dit rien du contenu des documents : "Ce qui m'exaspère le plus dans cette affaire, c'est que tout le monde veut ces putains d'archives. Et on s'en fout des Tunisiens dehors, écrit-elle. Alors, encore une fois : les médias, vous aurez Wallou tant qu'aucune solution pérenne ne sera trouvée pour la trentaine de jeunes qui sont dehors en ce moment même et que l'on harcèle de toutes parts pour qu'ils dégagent."

Le 15 juin, Soumaya Taboubi, une avocate qui, d'après le site OWNI, explique avoir été sollicitée par le Collectif des Tunisiens de France, emporte avec elle de nombreux documents. Un tiers, soit 3 m3, selon Paul da Silva, un militant présent auprès de ces Tunisiens depuis plusieurs jours. Le lendemain, les occupants du 36, rue Botzaris sont délogés sur demande de l'ambassade de Tunisie. "Suite à la dégradation des lieux, des actes de vandalisme, de violence et les plaintes des voisins enregistrés ces derniers jours, les locaux sis au 36, rue Botzaris, Paris 75019, ont dû être évacués", explique l'ambassade dans un communiqué , qui apposera, un temps, la plaque "Ambassade de Tunisie - Annexe" sur le bâtiment.

Auparavant, le local abritait officiellement le "centre culturel tunisien". Mais OWNI s'est procuré un courrier, indiquant qu'il "est répertorié au cadastre comme appartenant à la SA HLM Universitaire Franco Tunisienne". Une société inconnue, selon le site, de l'Union sociale pour l'habitat, chargée des organismes HLM. Autant d'éléments qui entretiennent le mystère, que seules des révélations précises sur le contenu des documents trouvés sur place permettraient de lever...

L'ancien local du RCD, parti de Ben Ali, devenu annexe de l'ambassade de Tunisie, le mercredi 22 juin.
Pour Paul da Silva, qui a créé le site #Botzaris36 afin de lutter "contre l'omerta politique", il y a un lien évident entre la sortie des archives du 36, rue Botzaris le 15 juin et l'expulsion du 16. "Je ne crois pas à la théorie du complot mais là, c'est gros", lâche le jeune militant.

Sur la situation des migrants, "le premier geste que peut faire la mairie, c'est réquisitionner un bâtiment". Lundi, le conseil de Paris a voté une aide d'urgence de 500 000 euros "envers les migrants tunisiens". Interrogée sur les événements survenus mercredi aux Buttes-Chaumont, la mairie de Paris dément être à l'origine de l'intervention des forces de l'ordre. "Notre doctrine est très claire : la mairie de Paris s'oppose à tout type d'arrestation, dit-on au cabinet du maire. Nous l'avons dit publiquement depuis fin avril. Nous dénonçons ces interventions intempestives. Mais la police est obligée de s'assurer qu'il n'y a pas d'installations dangereuses, comme ce fut le cas rue du Chemin de Fer" en avril. Dans les jardins, "il y a une tolérance pour une occupation en journée. (...) Nous ne sommes pas favorables à l'installation de campements de réfugiés". La préfecture de police, citée par 20 Minutes, invoque pour sa part "de nombreuses plaintes des riverains".
source le monde