mercredi 18 mai 2011

Sept chefs d'accusation retenus contre DSK

Sept chefs d'accusation retenus contre DSK
Benjamin Brafman, l'avocat de Dominique Strauss-Kahn, avait offert une caution d'un million de dollars pour obtenir la mise en liberté provisoire de DSK, qui aurait également remis son passeport à la justice.
Soixante-quatorze ans et trois mois de prison : c'est ce qu'encourt Dominique Strauss-Kahn en cumulant les sept chefs d'accusation énoncés à son encontre ce lundi à New York . Deux jours après son arrestation pour une agression sexuelle présumée sur une femme de chambre à l'hôtel Sofitel de Times Square, la juge Melissa Jackson a refusé sa libération sous caution, arguant d'un risque de fuite, et a ordonné son incarcération.
Pour Benjamin Brafman, un des avocats du patron du FMI, «cette bataille ne fait que commencer», ajoutant que l'intention de son client «est d'essayer de rétablir son nom et sa réputation». DSK nie les faits qui lui sont reprochés.

Le patron du FMI a comparu dans la matinée de lundi au tribunal pénal de Manhattan, apparaissant fatigué, les traits tirés et la barbe mal rasée. Dans cette affaire, il a été inculpé de sept chefs d'accusation : deux accusations de crime sexuel au premier degré, une tentative de viol au premier degré, une agression sexuelle au premier degré, une séquestration au second degré, une agression sexuelle au troisième degré et des attouchements non consentis.

Les actes imputés à DSK

Publié sur ABC News, le procès-verbal de la plainte, énoncé au cours de l'audience, indique que les enquêteurs ont été informés par la victime, «que l'accusé a 1) fermé la porte et empêché cette personne de quitter la pièce 2) touché les seins de la plaignante sans son consentement; 3) tenté de retirer de force les bas de cette personne et lui a touché la zone du vagin de force; 4) forcé la bouche de la plaignante à toucher son pénis à deux reprises ; 5) n'a pu commettre ces actes qu'en utilisant sa force».

D'après le récit de la police, la victime était entrée samedi dans la suite 2806, croyant qu'elle était vide, alors que DSK prenait une douche: «Il s'est approché d'elle par derrière et l'a touchée de manière inconvenante. Il l'a forcée à accomplir un acte sexuel».

Les chefs d'accusation de crimes sexuels sont passibles d'une peine d'emprisonnement de 25 ans chacun, tandis que les autres sont passibles de peines allant de trois mois pour attouchements non consentis à sept ans pour agression sexuelle au premier degré.

Le patron du FMI s'était engagé à résider à New York chez sa fille

Pour la juge Melissa Jackson pas question de libérer Dominique Strauss-Kahn sous caution. Ses avocats ont pourtant offert une caution d'un million de dollars pour obtenir une mise en liberté provisoire. Elle a évoqué un risque de fuite du patron du FMI, arrêté samedi à bord d'un avion d'Air France qui s'apprêtait à quitter l'aéroport Kennedy de New York. Pourtant ses conseils avaient certifié que le patron du FMI s'était engagé à résider à New York chez sa fille.

Mais samedi, la police avait indiqué que l'ancien ministre semblait avoir fui l'hôtel dans la précipitation, oubliant plusieurs effets dans sa chambre, dont son téléphone portable. Pour l'avocat Benjamin Brafman,«s'il s'est dépêché, c'est parce qu'il avait rendez-vous pour déjeuner et la personne avec qui il a déjeuné en témoignera». Le vol dans lequel se trouvait le chef du FMI avait été réservé longtemps à l'avance, explique l'un des deux conseils du président du FMI : «Ce n'est pas quelqu'un qui s'apprêtait à monter dans un avion afin de fuir la scène d'un crime».

Me Brafman : «Cette bataille ne fait que commencer»

Après l'audience, Me Benjamin Brafman a déclaré aux journalistes : «Nous sommes évidemment déçus par la décision du tribunal.» «Nous croyons à l'innocence de M. Strauss-Kahn et nous pensons que son dossier est défendable, a-t-il ajouté. Nous demandons à tous de lui reconnaître la présomption d'innocence». «Il est important de comprendre que cette bataille ne fait que commencer», a poursuivi son conseil, ajoutant que l'intention de son client «est d'essayer de rétablir son nom et sa réputation»

Une audience fixée au 20 mai

Dans le cas d'un accusé dont le juge du tribunal pénal de New York décide le placement en détention immédiat, comme c'est le cas du président du FMI , la chambre d'accusation («grand jury», en anglais), doit se réunir au plus tard dans les trois jours, selon le professeur de droit Randolph Jonakait, de l'école de droit de New York. Cette chambre d'accusation de 16 à 23 jurés populaires se réunira relativement brièvement, en secret et en l'absence d'un juge, pour entendre les éléments de preuve de l'accusation, et potentiellement le témoignage de la victime. «Si la femme témoigne», il y aura inculpation, explique Randolph Jonakait.

A ce stade «il n'y a pas d'interrogatoires croisés, (l'accusé) ne peut pas citer de témoins», explique le professeur. Ni Dominique Strauss-Kahn ni son avocat ne seront présents, à moins qu'il le demande. Il peut témoigner, son avocat peut être présent, mais ce dernier ne peut pas s'exprimer. Si la chambre d'accusation inculpe formellement Dominique Strauss-Kahn, c'est devant un magistrat d'une juridiction plus élevée mais également de première instance, la New York Supreme Court, qu'il devra comparaître pour se faire signifier officiellement son inculpation - une audience qui a déjà été fixée au 20 mai. «Normalement (le procès) serait organisé dans un délai de trois mois à un an», a précisé Randolph Jonakait.
le parisien