mercredi 25 mai 2011

Quel a été l’impact du mouvement du 15-Mai sur les élections espagnoles

VOTE BLANC – Quel a été l’impact du mouvement du 15-Mai sur les élections espagnoles

Le mouvement de protestation du 15-Mai a-t-il eu un effet sur les élections locales qui se sont déroulées ce week-end en Espagne ? C'est la question que se posaient à demi-mot les éditorialistes espagnols après la défaite cinglante des socialistes au pouvoir, dimanche.

Ce "tsunami du 22 mai qui noie le PSOE", selon l'expression d'El Pais, montre bien que "l'Espagne exige le changement", ajoute El Mundo. Mais quel changement au juste ? "Les Espagnols, surtout les jeunes, qui il y a sept ans ont rejeté la gestion d'Aznar et porté aux nues le socialisme de Zapatero aux cris de 'ne nous déçois pas', sont les mêmes qui aujourd'hui lui ont tourné le dos et ont entraîné sa chute", croit savoir le journal de droite.

Mais sont-ce vraiment les "jeunes" qui ont contribué à la défaite du premier ministre José Luiz Zapatero ? "Les analystes n'osent pas encore attribuer le résultat de dimanche au mouvement du 15-Mai", analyse El Pais. En effet, des données électorales contradictoires empêchent de tirer un enseignement clair de ce scrutin.

D'un côté, les votes blancs et nuls ont augmenté, touchant des sommets jusqu'ici jamais atteints dans la démocratie espagnole. Le vote blanc a représenté 2,45 % des voix exprimées (+ 0,62 % par rapport au dernier scrutin municipal) et le vote nul est passé de 1,17 % à 1,69 %. En additionnant le vote nul et le vote blanc, on arrive à près de 4,2 %, ce qui en fait potentiellement la quatrième force politique au niveau national.

Mais dans le même temps, la participation à l'élection de dimanche était en hausse : elle est passé de 63,97 % à 66,23 %, par rapport au scrutin local de 2007. Dans le même temps, l'abstention est tombée de 36,03 % à 33,77 %, ce qui viendrait quelque peu infirmer la thèse d'une désaffection de l'électorat espagnol, avance le Wall Street Journal.

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A la Puerta de Sol, la place centrale de Madrid devenue l'épicentre de la contestation, les élections sont (presque) passées inaperçues. Les milliers de jeunes et moins jeunes qui campent, s'organisent, débattent ou déambulent sur la place ne se sentaient pas vraiment concernés par le vote. Ils étaient davantage occupés à tenter de trouver une cohérence à leur mouvement vu l'ampleur qu'il a pris. "Disons que le mouvement du 15-Mai se moquait royalement des élections, résume El Pais. Ils continuaient à faire leurs trucs : débattre, s'écouter, chercher le consensus". Olmo Gálvez, coordinateur numérique du groupe Democracia Real Ya, explique l'état d'esprit par rapport au vote :

"Ce n'est pas le plus important. Ça n'a jamais été important. Ce qui est important, c'est qu'au-delà d'un changement de parti au pouvoir ou de tendance politique, on peut tenter de changer de système. Le mouvement est inarrêtable. Il a touché le cœur des gens. Il est transversal et il grandit à l'international. Il doit y avoir plus de campements. Les gens doivent crier leur colère"

A Valence, un des manifestants raconte que les résultats ont été communiqués par haut-parleur, mais n'ont pas vraiment provoqué de réactions.

"C'est une histoire extra-parlementaire. Que l'un ou l'autre ait gagné n'a aucune importance. Ce qui est important, c'est la réforme du cadre démocratique."

Les différents groupes à l'origine de la mobilisation à Madrid et dans le reste de l'Espagne ont annoncé qu'ils maintiendraient leur campement à la Puerta del Sol jusqu'au dimanche 29 mai. Entre-temps, ils souhaitent que les assemblées populaires se forment sur des plus petites places, dans les quartiers avoisinants de Madrid, et dans des petites villes.
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