mercredi 18 mai 2011

Plusieurs morts aux frontières d'Israël pour le 63e anniversaire de la "Nakba"

Plusieurs morts aux frontières d'Israël pour le 63e anniversaire de la "Nakba"

Des Palestiniens s'abritent de tirs de l'armée israélienne, le 15 mai 2011, au point de passage de Qalandiya, entre Ramallah et Jérusalem.

Des Palestiniens s'abritent de tirs de l'armée israélienne, le 15 mai 2011, au point de passage de Qalandiya, entre Ramallah et Jérusalem.AP/Tara Todras-Whitehill

La commémoration de la "Nakba", selon l'appellation dans le monde arabe de la création de l'Etat d'Israël en 1948 et de l'exode des Palestiniens qui s'en est suivi, a été ensanglantée dimanche 15 mai par des violences sans précédent qui ont fait au moins douze morts et des centaines de blessés, la plupart à la périphérie des territoires palestiniens, au Liban et et à la frontière syrienne.

Dans le plateau du Golan, l'armée israélienne a ouvert le feu sur des manifestants palestiniens venus de Syrie qui avaient pénétré dans la partie occupée. Deux protestataires ont été tués et quatre grièvement blessés, selon des médecins. Le calme était revenu en début de soirée dans ce secteur, où près de 200 des milliers de manifestants avaient franchi la ligne de cessez-le-feu. Il s'agit d'un des incidents frontaliers les plus graves entre les deux pays depuis la guerre israélo-arabe de 1973.

"DÉTOURNER L'OPINION MONDIALE"

L'armée israélienne a accusé le pouvoir syrien d'avoir "organisé cette manifestation violente pour tenter de détourner l'opinion mondiale de ce qu'il se passe dans ses villes" et qualifié cet acte de "très grave". Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a averti qu'Israël était déterminé à défendre "ses frontières et sa souveraineté" : "J'ai donné ordre à l'armée d'agir avec le maximum de retenue mais aussi d'empêcher que nos frontières soient forcées".

Damas a "fermement dénoncé les actes criminels d'Israël contre notre peuple dans le plateau du Golan, en Palestine et dans le sud du Liban", ajoutant qu'"Israël devra assumer la totale responsabilité de ses actes". L'Etat hébreux a conquis sur la Syrie ce territoire qui domine le lac de Tibériade, durant la guerre des Six-Jours de juin 1967 et l'a annexé fin 1981. Cette annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale. La Syrie, où le régime du président Bachar Al-Assad est confronté depuis deux mois à une contestation populaire sans précédent, abrite 470 000 réfugiés palestiniens.

Des manifestants traversent la frontière syrienne vers Israël, le 15 mai 2011.
A Tel Aviv, une personne a été tuée et 17 autres ont été blessées par un camion qui a percuté plusieurs véhicules et renversé des piétons. Le conducteur, qui a été arrêté, est âgé de 22 ans et habite Kafr Kassem, village arabe du centre d'Israël, a précisé Micky Rosenfeld, porte-parole de la police. Les enquêteurs s'efforcent d'établir s'il s'agit d'un acte délibéré ou d'un accident. Selon des témoins, il aurait agi délibérément.

HEURTS À LA FRONTIÈRE LIBANAISE

Dix personnes ont également été tuées par des tirs israéliens à la frontière libanaise, où des milliers de réfugiés palestiniens s'étaient rassemblés dans la localité de Maroun ar-Ras, à un kilomètre d'Israël, selon l'armée libanaise. Les coups de feu ont éclaté après que des dizaines de jeunes manifestants ont franchi le cordon de l'armée libanaise pour s'approcher des barbelés, et ont commencé à lancer des pierres en direction des soldats israéliens de l'autre côté.

Une centaine de Palestiniens ont par ailleurs été blessés dans le nord de la bande de Gaza par des tirs de l'armée lors d'une marche d'un millier de personnes en direction du terminal frontalier israélien d'Erez, a-t-on appris auprès des services médicaux palestiniens. Un jeune Palestinien a par ailleurs été tué par des tirs israéliens à l'est de la ville de Gaza. L'armée israélienne a affirmé avoir tiré sur un individu qui "posait un engin explosif" à la frontière.

"LEUR SANG PRÉCIEUX N'AURA PAS COULÉ EN VAIN"

D'autre part, au moins 17 Palestiniens ont été blessés lors de heurts violents au poste de contrôle de Kalandia (Cisjordanie), à l'entrée de Jérusalem, et neuf autres à Hébron (sud de la Cisjordanie). "Je salue la mémoire de nos martyrs tombés aujourd'hui sous les coups des forces d'occupation israéliennes alors qu'ils manifestaient pour commémorer la Nakba à l'intérieur, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, et aux frontières du Liban et de la Syrie", a déclaré le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. "Leur sang précieux n'aura pas coulé en vain, parce qu'il a été versé pour la liberté du peuple palestinien et ses droits", a-t-il dit, souhaitant un "prompt rétablissement aux blessés".

La "Nakba" s'est traduite par l'exode de quelque 760 000 Palestiniens, point de départ de la question des réfugiés, actuellement au nombre d'au moins 4,8 millions avec leurs descendants, répartis pour l'essentiel entre la Jordanie, les territoires palestiniens, la Syrie et le Liban.
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