samedi 28 mai 2011

Le G8 propose 40 milliards de dollars pour le "printemps arabe"

Le G8 propose 40 milliards de dollars pour le "printemps arabe"
Dans leur déclaration finale, les dirigeants des pays du G8, réunis à Deauville, sur la côte normande, ont réclamé le départ de Libye du colonel Mouammar Kadhafi, demandé au président yéménite, Ali Abdallah Saleh, de s'effacer, et condamné les violences du gouvernement syrien contre son peuple. "Les changements historiques actuellement à l'œuvre en Afrique du Nord et au Moyen-Orient peuvent ouvrir la voie à des transformations comparables à celles survenues en Europe centrale et orientale après la chute du Mur de Berlin", écrivent-ils.

UN PLAN D'AIDE AU "PRINTEMPS ARABE" DE GRANDE ENVERGURE

Pour favoriser cette évolution, ils promettent, dans le cadre d'un nouveau "partenariat de Deauville", de fournir une aide à long terme à la Tunisie et à l'Egypte, ainsi qu'à tous ceux qui suivraient les exemples de ces deux pays, où des manifestations de rue sont venues à bout de régimes autoritaires. Selon le communiqué du G8, les banques de développement multilatéral pourraient fournir quelque 20 milliards de dollars, dont près de 5 milliards (3,5 milliards d'euros) de la seule Banque européenne d'investissement, à l'Egypte et à la Tunisie sur la période 2011-2013 pour y soutenir les réformes en cours.

Les membres du G8 se disent en mesure de mobiliser parallèlement un "soutien bilatéral substantiel" qui s'ajouterait à ces sommes et invitent d'autres pays, notamment ceux du Proche-Orient, à faire de même. Selon le ministre des finances tunisien, Jalloul Ayed, qui était à Deauville, Nicolas Sarkozy a promis une aide d'un total de 40 milliards de dollars pour consolider ce printemps arabe. Le président français a fait savoir que la France accorderait 1 milliard d'euros d'aide à l'Egypte et à la Tunisie.

La Tunisie a déjà indiqué qu'elle avait besoin de 25 milliards de dollars sur cinq ans, alors que l'Egypte a réclamé de 10 à 12 milliards pour tenir jusqu'à la mi-2012. Le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué qu'il était en mesure de débloquer une somme de l'ordre de 35 milliards pour stabiliser les économies de ces pays, mais que le reste devrait être apporté par la communauté internationale. La Banque mondiale a pour sa part annoncé cette semaine une nouvelle enveloppe de six milliards pour la Tunisie et l'Egypte.
S'agissant de la Libye, les pays du G8, Russie comprise, ont insisté dans leur communiqué pour que "les responsables d'attaques contre les civils rendent des comptes". "M. Kadhafi et le gouvernement libyen ont failli à leur responsabilité de protéger la population libyenne et ont perdu toute légitimité. Il n'a aucun avenir dans une Libye démocratique et libre. Il doit partir", ajoutent-ils.

S'exprimant à l'issue d'un entretien bilatéral avec Nicolas Sarkozy, le président américain, Barack Obama, a fait part de leur volonté commune que l'intervention de l'OTAN en Libye se poursuive jusqu'au règlement de la crise. "Nous sommes déterminés à finir ce travail", a-t-il dit.

Quant à la Syrie, le G8 s'est déclaré "consterné" par la mort d'"un si grand nombre de manifestants pacifiques", tués par les forces de sécurité, et demande à Damas de cesser "immédiatement" l'usage de la force contre son peuple. Mais leur communiqué ne mentionne pas la menace, présente dans une version antérieure du texte, d'une saisie du Conseil de sécurité de l'ONU si la Syrie n'obtempère pas.

La Russie, qui entretient de longue date des relations étroites avec la Syrie, a critiqué à plusieurs reprises l'intensité des opérations militaires contre la Libye, déclarant qu'elles outrepassaient le mandat donné par l'ONU. A Deauville, elle a offert ses services pour négocier une solution avec le régime de Mouammar Kadhafi.

PAS DE RÉFÉRENCE AUX FRONTIÈRES DE 1967 CONCERNANT ISRAËL

Le blocage du processus de paix israélo-palestinien a été longuement évoqué lors du dîner des chefs d'Etat et de gouvernement jeudi soir, plusieurs participants saluant comme "important" le récent discours de Barack Obama, rapportent des sources diplomatiques européennes.

Le communiqué final mentionne spécifiquement ce discours mais s'abstient de toute référence à un futur Etat palestinien dans les frontières de 1967, comme l'avait évoqué le président américain le 19 mai, provoquant la colère d'Israël, et ce à la demande expresse du Canada, a-t-on ajouté.
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