samedi 14 mai 2011

Le Français tué en Libye dirigeait une société militaire privée

Le Français tué en Libye dirigeait une société militaire privée
Le Français tué jeudi à Benghazi est un ancien militaire, fondateur et responsable d'une société de sécurité privée employant d'anciens soldats, a-t-on appris de sources spécialisées dans les milieux de sécurité privée. Pierre Marziali, 47 ans, avait fondé en 2003 la Secopex, installée à Carcassonne, qui se présente sur son site Internet comme une "société d'appui stratégique et opérationnel". La Secopex a reconnu avoir des hommes présents à Benghazi mais s'est refusée à tout autre commentaire. Quatre autres Français ont été arrêtés.

Vendredi soir, la rébellion libyenne a affirmé que les cinq Français travaillant pour la société privée de sécurité Secopex menaient des activités illégales. "Le soir du 11 mai, les forces locales de sécurité à Benghazi ont reçu l'ordre d'arrêter un groupe de cinq Français menant des activités illicites qui mettaient en danger la sécurité de la Libye libre", a déclaré le Conseil national de transition (CNT), l'instance dirigeante de la rébellion, dans un communiqué. "Ces hommes étaient sous surveillance depuis un certain temps, ajoute le CNT. Malheureusement, [le Français mort] a été touché par accident après avoir tenté de résister. Il a été transporté à l'hôpital mais a succombé. Les quatre autres ont été arrêtés."

Selon Jean Guisnel, sur le site du Point, M. Marziali "s'était rendu en Libye il y a quelques jours pour consolider l'installation d'une succursale de son entreprise. Il entendait notamment fournir des prestations de sécurité et de protection aux journalistes présents sur place. (...) Le bureau local de Secopex avait été ouvert voici peu de temps par Pierre Martinet, un ancien sous-officier du service action de la DGSE". Selon le spécialiste des questions militaires et de renseignement, "les circonstances de la mort de Pierre Marziali demeurent imprécises. Selon les informations qui circulent dans le milieu des sociétés militaires privées, il s'agirait d'une 'prise de bec' qui aurait mal tourné lors d'un contrôle à un check-point. Une sentinelle aurait lâché une rafale, fatale pour Marziali."

Sur le blog Lignes de défense, de Ouest-France, Philippe Chapleau, journaliste au service politique du quotidien qui suit les questions de défense et la politique étrangère, "les services français, très mécontents de la fuite dans la presse au sujet de Secopex en Libye [dans Maghreb confidentiel, repris par Lignes de défense], ont fait en sorte que Marziali et son équipe ne soient pas accueillis à bras ouverts et en tout cas pas sur la recommandation de l'État français comme le sous-entendait l'article. La raison du contrôle qui dégénère serait celle-là".

Pierre Marziali était un ancien sous-officier chez les parachutistes du 3e régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa) de Carcassonne. Selon les sources spécialisées dans les milieux de sécurité privée, les activités de la société ont à plusieurs reprises suscité l'intérêt des services de renseignement français, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et la Direction de la protection de la sécurité de la défense (DPSD). En 2008, dans un entretien à l'AFP, Pierre Marziali affirmait que sa société était capable de "lever 2 000 personnes mobilisables" dans une quarantaine de métiers, notamment des plongeurs, linguistes ou pilotes d'avions et infirmiers.

Il avait alors annoncé avoir conclu un contrat avec les autorités somaliennes pour lutter contre la piraterie maritime, avec notamment "la création d'une unité de garde-côtes" et "la formation de la garde" du président Abdullahi Yusuf Ahmed. Mais aucune activité concrète ne semble en avoir découlé, a affirmé une source. Si les activités de conseil et de formation militaires sont autorisées, la fourniture de mercenaires à l'étranger est interdite par la loi française.
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