mercredi 18 mai 2011

Dynamique Citoyenne des Tunisiens à l’Etranger (D.C.T.E.) : Préambule

Dynamique Citoyenne des Tunisiens à l’Etranger (D.C.T.E.) : Préambule
Version du 20 avril 2011 Le 14 janvier 2011, au terme d’un mois de manifestations historiques et de répression sanglante qui a causé la mort de plusieurs dizaines de jeunes assassinés par les sbires de la dictature criminelle, le peuple tunisien et sa jeunesse, dans un sursaut magnifique de dignité et d’aspiration obstinée à la liberté et à la justice, ont réussi l’impensable : chasser le dictateur et abattre l’une des tyrannies les plus funestes du début de ce XXIe siècle. La révolution démocratique et populaire tunisienne menée à mains nues, sans ingérence extérieure et dans un face à face homérique contre la dictature, portait un souffle épique, qui a frappé l’imagination des hommes et des femmes de par le monde, par son pacifisme, par son caractère citoyen et par la détermination des Tunisiennes et des Tunisiens à changer le cours de leur destin. Depuis la chute de la dictature et la fuite du despote, les flammes qui ont dévoré le corps humilié de Mohamed Bouazizi un 17 décembre 2010 dans un acte d’indignation absolu, se sont transformées en aurore illuminant l’horizon géographique arabe et inaugurant, après des siècles de déclin, une nouvelle temporalité, chargée de promesses de progrès, de liberté, de justice et de dignité. A l’heure actuelle notre pays se fraye sa voie vers l’instauration d’une République démocratique, ouverte sur le monde et d’un Etat de droit garantissant les droits et les devoirs de chaque citoyen sans distinction de credo, de rang social, de genre ou d’origine géographique. Voici donc venu le temps de la reconstruction. Tous les Tunisiens y compris ceux et celles contraints par des nécessités diverses, ont dû opter de vivre à l’étranger, loin de leur pays, sont appelés à participer à l’œuvre globale d’édification de l’avenir, et d’élever sur le champ de ruine du régime déchu, des nouvelles réalités politiques, économiques, sociales et culturelles. Place et rôle de la communauté tunisienne Les Tunisiens et les Tunisiennes vivant à l’étranger ont été longtemps marginalisés et exclus de la vie politique par les régimes despotiques qui se sont succédés à la tête du pays. Réduits à un simple variable économique, leurs droits de citoyens ont été bafoués. Les rapports qu’entretenaient avec eux les représentations consulaires ont toujours été teintés de suspicion et de mépris. L’image négative et xénophobe de la figure de « l’immigré » dans le pays d’accueil, les discours nourris des préjugés dans le pays d’origine, ont induit des réflexes de fermeture communautaire chez bon nombre de nos concitoyens et en particulier chez les plus jeunes, d’où des comportements d’indifférence si ce n’est de rejet vis-à-vis de la chose publique. L’exclusion et les fraudes massives à répétition, organisées depuis plus d’un demi siècle à l’occasion d’échéances abusivement appelées « électorales », l’approche clientéliste et sécuritaire suivie successivement par les régimes bourguibiste et benaliste, le quadrillage policier et la surveillance exercée par le parti-Etat grâce à ses réseaux enchevêtrés d’officines, d’amicales et d’informateurs à sa solde, ont contribué à maintenir la communauté tunisienne à l’étranger dans un état de peur, de division et de désorganisation à l’exception de quelques îlots qui ont réussi à fonder en contrepoint, des structures associatives et fédératives qui, bien que minoritaires, n’en ont pas moins réussi, bon an mal an, à maintenir vivace l’esprit de résistance, et à diffuser les valeurs démocratiques et citoyennes. L’effondrement du régime de Ben Ali et le démantèlement des clans mafieux liés à la Famille, a eu pour effet immédiat, de raviver chez la communauté tunisienne vivant à l’étranger, le sentiment de fierté d’être Tunisien et le désir de prendre part au processus de construction démocratique fondé sur la citoyenneté, l’égalité, la liberté et la justice sociale. Aussi, a-t-on pu assister à une véritable explosion, partout dans le monde, de regroupements politiques, associatifs, professionnels et citoyens crées par des Tunisiens et des Tunisiennes, désireux tous d’apporter leur contribution au débat national sur les réformes politiques en cours et d’ajouter leur pierre à la construction de la Nouvelle Tunisie. En conséquence et vu l’importance de notre communauté à l’étranger - plus d’un million de personnes dont plus de 600 000 en France – sa richesse et sa variété tant du point de vue social qu’économique, aucune structure politique organisée ou a fortiori associative ne peut prétendre, aujourd’hui, la représenter à elle seule et, encore moins, en être le porte-parole exclusif. Pour toutes ces raisons, nous, associations autonomes de l’immigration, fédérations d’associations, groupes de citoyens tunisiens, personnalités indépendantes appartenant au monde de la culture, ou issues des professions libérales, avocats, médecins, ingénieurs, ou enseignants, professeurs, étudiants, travailleurs jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, binationaux et immigrés, à l’issue de nombreux rencontres et débats, mettons en place une dynamique collective, participative et plurielle. Cette initiative ouverte à tous nos compatriotes où qu’ils se trouvent, a pour règle de base, le respect fondamental de l’opinion d’autrui et le consensus dans toute prise de décision. Nous participons tous avec les mêmes droits. Pour ce faire, nous inaugurons par cette note une série de propositions portant sur les aspects de la vie de tous les jours dans nos pays d’accueil et de nos liens multiformes avec notre pays d’origine, que nous soumettons aux autorités qui en examineront, avec notre concours, la pertinence et exploreront les possibilités de réalisation. Sachant que cette révolution victorieusement menée, par notre peuple, nous offre une chance historique unique, dans la perspective de la consécration des principes d’Egalité dans la Nouvelle Constitution, de mettre fin à des décennies d’indifférence, de marginalité et d’exclusion du dixième de notre population. Les premières consultations ont permis de dégager trois axes principaux qui résument, à notre avis, l’essentiel des préoccupations des Tunisiens et des Tunisiennes résidents à l’étranger. Outre le fait qu’ils ne sont pas limitatifs, ces axes sont appelés à être développés. C’est ce que nous proposons de réaliser tous ensemble dans le cadre d’une démarche fondée sur le dialogue alliant le mode direct, autrement dit les réunions, et indirect grâce aux contributions à distance sur les réseaux sociaux et les autres moyens de communication. Nous vous invitons à développer une synergie autour de cette dynamique non seulement sur l’ensemble du territoire français, mais aussi dans toute l’Europe et partout dans le monde. Chaque structure, chaque groupe et chaque citoyen et citoyenne convaincu(e) de l’intérêt stratégique que représente cette dynamique doit mettre à profit ses réseaux et ses relations de manière à contribuer à la diffusion de son contenu et à en traduire les idées en actes concrets sur le terrain pour le bien de la communauté tunisienne dans le monde. Les trois axes et les premiers projets Certains projets relevant de l’un ou l’autre de ces axes vous sont livrés sous forme de propositions. D’autres axes ne sont pas encore déclinés en projets. Nous comptons sur l’avancement de la dynamique et de l’adhésion de compétences et forces de propositions pour en expliciter le contenu. Nous définirons par ailleurs les priorités des projets dans des ateliers de travail et lors des rencontres. Axe 1- Citoyenneté et représentativité • La réhabilitation de la citoyenneté dans une nouvelle République démocratique respectueuse de la souveraineté du peuple qui garantisse l’Etat de droit et le respect des libertés fondamentales individuelles et collectives. Les droits de vote et d’éligibilité des Tunisiens résidents à l’étranger aux échéances électorales notamment à la Constituante et aux législatives sont une condition nécessaire mais non suffisante. • La représentativité des Tunisiens à l’étranger en impulsant la création d’un Haut Conseil de Tunisiens à l’Etranger (H.C.T.E.), autrement dit, d’une instance spécifique avec des compétences transversales capable d’esquisser une approche englobant le phénomène migratoire dans ses dimensions économiques, humaines et stratégiques. Axe 2- Culture et mémoire • La défense de notre mémoire et le renforcement de la présence culturelle et linguistique dans les pays à forte présence tunisienne par la mise en place, entre autres, de pôles culturels à l’étranger. Axe 3- Contribution des Tunisiens à l’étranger à l’économie nationale • Le développement de l’économie de notre pays et l’investissement dans les projets de développement de l’économie nationale.
Par : Dynamique Citoyenne des Tunisiens à l’Etranger (DCTE)