mercredi 25 mai 2011

Aide au développement : Oxfam interpelle le G8

Aide au développement : Oxfam interpelle le G8

Lundi 23 mai, les militants d'Oxfam singent les dirigeants du G8 pour les interpeller sur leurs promesses d'aide au développement.AFP/BERTRAND LANGLOIS

"Nous voulons alerter le G8." A deux jours du sommet de Deauville, qui débutera jeudi 26 mai, Sébastien Fourmy, directeur du plaidoyer et des études d'Oxfam France, interpelle les pays membres du G8 sur le non-respect des promesses d'aide publique au développement (APD) faites lors du sommet de Gleneagles, en 2005.

En Ecosse, le G8 s'était engagé à augmenter l'enveloppe de l'APD de 50 milliards de dollars sur la période 2004-2010. Cette promesse concernait non seulement les huit membres du groupe, mais également les pays membres de la branche "coopération pour le développement" de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Aujourd'hui, Oxfam estime que 31 milliards de dollars seulement ont été versés et que "19 milliards manquent à l'appel". L'organisation, qui s'appuie sur les chiffres de l'OCDE, dénonce également les "artifices" du rapport sur les engagements du G8, présenté par le ministre de la coopération, Henri de Raincourt, le 18 mai lors d'une réunion avec des ONG. En effet, "sur la première page du rapport, le chiffre mis en avant, c'est le chiffre de 49 milliards", regrette Sébastien Fourmy. Les 31 milliards évoqués par Oxfam ne sont mentionnés qu'une seule fois, "relégués dans un petit paragraphe".

BATAILLE DE CHIFFRES

L'écart entre ces deux chiffres, qui s'appuient sur les mêmes données, celles de l'OCDE, s'explique par la méthode de calcul. Le premier chiffre, celui du ministère, tient compte de l'inflation. Depuis 2004, le dollar a perdu de la valeur. Entre 2004 et 2010, l'aide publique au développement des pays engagés par la promesse de 2005 est passée de 80 à 129 milliards de dollars, ce qui permet d'avancer le chiffre d'une progression de l'aide de 49 milliards. Mais, si l'on tient compte de l'inflation, la somme de 129 milliards fond pour atteindre 111 milliards, et l'augmentation se réduit à 19 milliards.

Dans un communiqué daté du 18 mai, Henri de Raincourt s'étonne "de certains commentaires" et récuse toute accusation de manipulation à propos du rapport : c'est "un exercice de parfaite transparence et la meilleure preuve en est que les deux chiffres d'évolution de l'aide au développement avec et sans inflation cités par certaines ONG depuis deux jours sont exposés noir sur blanc dans le même rapport, dans un même paragraphe". Interrogé sur ce décalage, Charlotte Dollot, conseillère presse et communication du ministre de la coopération, rappelle également que le rapport contenant les engagements de 2005 "ne précise pas si la somme de 50 milliards est en dollars constants ou en dollar courants".

Pourtant, le 6 avril, dans une note d'analyse sur les chiffres de l'aide publique au développement en 2010, l'OCDE considère que "comparé à ce qu'impliquaient les promesses de 2005, le chiffre de 2010 représente encore un déficit de quelque 19 milliards de dollars".

"IL FAUT UN PLAN POUR RATTRAPER LE RETARD"

Du côté d'Oxfam, Sébastien Fourmy espère que les pays du G8 profiteront de l'occasion du sommet de Deauville pour tenir leurs engagements. "Il faut un plan pour rattraper le retard", explique-t-il. Pour l'ONG, ce plan doit comporter deux volets, quantitatif, avec une augmentation de l'APD, et qualitatif, avec le renforcement des ressources humaines dans le secteur de la santé et le soutien à la petite agriculture. "L'aide au développement ne peut pas tout, reconnaît-il, mais son rôle est essentiel."
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