jeudi 28 avril 2011

Terrorisme : l'étrange info des USA sur la mosquée de Lyon

Terrorisme : l'étrange info des USA sur la mosquée de Lyon

Un document des services de renseignement américain révélé par WikiLeaks identifie la Grande Mosquée de Lyon comme l'une des neuf bases arrière du terrorisme international. Pourtant, celle-ci n'a jamais été liée au salafisme radical, comme l'ont été par le passé d'autres lieux de prières de l'agglomération.

La Grande Mosquée est-elle un foyer du terrorisme international, à l'instar de Finsbury Park à Londres ? C'est ce qu'indique un document de dix-sept pages du département d'Etat américain mis au jour par WikiLeaks. Ce document, intitulé « Matrix of Threat Indicators for Enemy Combattants » rédigé en août 2004, est adressé aux interrogateurs de Guantanamo afin d'évaluer le niveau d'importance des prisonniers dans la hiérarchie d'Al Qaeda.
Aucun fidèle de la Grande Mosquée de Lyon arrêté

Parmi les critères référençant la dangerosité des prisonniers, on trouve le fait que ces individus se soient rendus en Afghanistan après le 11 Septembre, qu'ils aient été invités au mariage de Ben Laden fils ou encore qu'ils portent une montre Casio – le modèle argenté ayant été offert par la nébuleuse terroriste à ceux qui avaient participé à une formation sur le maniement des explosifs improvisés.

A la page 9 du document est également dressée une liste de neuf mosquées connues selon les experts américains pour avoir accueilli et recruté des « membres connus d'Al Qaeda ». La fréquentation de ces épicentres de l'islam radical est donc un indicateur déterminant éveillant les soupçons.

Ces mosquées sont situées à Sanaa au Yémen, à Karachi au Pakistan, à Kaboul en Afghanistan mais cinq d'entre elles sont basées en Occident, et parmi elles la Grande Mosquée de Lyon, appelée « Laennec mosque » dans le document.

L'information interpelle : la Grande Mosquée de Lyon n'est pas connue des services français pour avoir, hier comme aujourd'hui, abrité des prêches intégristes. Par ailleurs, aucun des présumés terroristes arrêtés à Lyon n'a été un fidèle de ladite mosquée.

L'information est donc à relativiser au regard de ce que l'on sait de l'histoire des mouvements intégristes dans l'agglomération lyonnaise. Celle-ci fut certes le lieu d'entrée du salafisme en France, mais sa dérive intégriste s'est polarisée bien plus dans des mosquées à Vénissieux, La Duchère, Bron, Saint-Fons ou Saint-Fons.

D'ailleurs, de nombreux sites identitaires ou fascistes se sont immédiatement fait le relais de cette nouvelle.
Kamel Kabtane « très surpris »

Le recteur de ce lieu de culte, Kamel Kabtane, s'est dit « très surpris » de ces révélations. Il souligne les très bonnes relations qu'il entretient avec les autorités américaines, le consul venant chaque année rompre le jeûne du ramadan à son invitation.

« Comment se fait-il que les Américains soient plus forts que la police française qui n'est jamais intervenue chez nous ? », ironise-t-il, demandant à rencontrer l'ambassadeur américain.

Kamel Kabtane reconnaît que Lyon a été identifié il y a quelques années comme une base de l'islam radical voire terroriste, citant Khaled Kelkal, mais jamais la Grande Mosquée de Lyon.

Le recteur est aussi surpris de voir l'Institut culturel islamique de Milan sur la liste :

« C'est un centre qui rassemble surtout des convertis, des gens très posés, universitaires, médecins, chercheurs, que je connais bien. »

En revanche, il est moins étonnant de retrouver les mosquées de Londres, notamment la mosquée de Finsbury Park, dans les documents révélés par WikiLeaks. C'est par elle qu'ont transité bon nombre d'apprentis jihadistes européens avant de se retrouver dans des camps d'entraînement au Pakistan ou en Afghanistan.

Ce fut par exemple le cas des Lyonnais qui ont séjourné à Guantanamo, Nizar Sassi, Mourad Benchellali, mais également de Nabil Hadjarab. Ce Lyonnais de nationalité algérienne (dont le cas avait été révélé par Lyon Capitale) a grandi du côté de Gerland et reste encore aujourd'hui prisonnier sur la base de Guantanamo.
rue89