vendredi 22 avril 2011

Paris offre une aide de 350 millions d'euros à la Tunisie

Le chef de la diplomatie française Alain Juppé est arrivé mercredi en Tunisie, avec en poche une aide de 350 millions d'euros, pour raccommoder une relation bilatérale mise à mal par plusieurs couacs français avant et depuis la chute du régime Ben Ali. "Le voyage que je fais aujourd'hui est très important pour moi. Je sais très bien qu'il a pu y avoir quelques retards ou quelques incompréhensions entre la France et la Tunisie. Je crois que tout cela est derrière nous", a déclaré Alain Juppé, au sortir d'un entretien avec le Premier ministre par intérim Béji Caïd Essebsi.

Alain Juppé a tenu à saluer "le grand mouvement déclenché à partir de Tunis et qui touche le monde arabe" et à exprimer "l'admiration et le respect" de la France, "car il faut du courage pour secouer un régime autoritaire et policier". "La France souhaite profondément le succès de ce mouvement" et se tient "aux côtés de la Tunisie sur tous les plans, politique et économique", a-t-il poursuivi en annonçant une enveloppe de 350 millions d'euros sur la période 2011-2012. Ils seront versés "rapidement" pour des "projets correspondant aux priorités du gouvernement tunisien, notamment dans les domaines de la formation, du chômage, et tout ce qui concerne la gouvernance", a-t-il ajouté.

Une invitation pour le G8

Dans son opération de séduction, Alain Juppé a également transmis au Premier ministre tunisien une invitation du président Nicolas Sarkozy pour assister au sommet du G8, les 26 et 27 mai à Deauville (ouest de la France). Le ministre n'a pas éludé le thème de l'immigration de milliers de clandestins tunisiens qui provoque de vives tensions entre partenaires européens ces dernières semaines, notamment Paris et Rome. "La France n'est pas un pays fermé. Nous accueillons chaque année 200 000 étrangers. La communauté tunisienne compte 500 000 personnes, dont 13 000 étudiants. Le taux de refus de visas est de 10 %. Ces rappels pour dire que la France n'est pas une citadelle ou une forteresse. En revanche, nous ne pouvons pas accepter l'immigration illégale, c'est un fléau", a-t-il plaidé.

"Le plus important et essentiel, c'est cette relation entre nos deux pays qui est ancienne et profonde sur tous les plans", a-t-il insisté pour visiblement tourner définitivement la page sur les atermoiements français dans les derniers jours du régime du président Zine el-Abidine Ben Ali.

Défilé de ministres

Alain Juppé est le dernier en date d'une longue série de ministres et secrétaires d'État français venus recoller les morceaux depuis deux mois, notamment Christine Lagarde, ministre de l'Économie, Éric Besson, ministre de l'Industrie, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, Pierre Lellouche, secrétaire d'État au Commerce extérieur.

Il y a d'abord eu la non-perception de ce qui se passait en décembre, au début de la révolte qui allait emporter le président Ben Ali et son régime le 14 janvier. Il y eut ensuite les vacances tunisiennes de Michèle Alliot-Marie, le prédécesseur d'Alain Juppé aux Affaires étrangères, pendant les fêtes de fin d'année, alors que la répression était déjà en cours. Vinrent par la suite les déclarations maladroites de la ministre devant l'Assemblée nationale pour offrir au régime tunisien agonisant le "savoir-faire" français en matière de maintien de l'ordre. Moins grave, enfin, mais dévastatrice tout de même : la première sortie médiatique ratée du nouvel ambassadeur de France Boris Boillon qui avait recrispé passagèrement les relations.

Alain Juppé doit s'entretenir également avec le président Foued Mebazaa, son homologue Mouldi Kéfi, des blogueurs, et les présidents des trois commissions en charge de la transition démocratique jusqu'aux élections du 24 juillet pour former une assemblée constituante.
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