mardi 19 avril 2011

Paris et Rome s'affrontent sur le dossier des immigrés tunisiens

La France avait "le droit" de suspendre dimanche de façon temporaire le trafic ferroviaire avec l'Italie, a estimé lundi 18 avril la Commission européenne alors que Paris et Rome s'affrontent sur le dossier des immigrés tunisiens. Il semble que l'intervention de Paris ait été motivée par des "raisons d'ordre public", "apparemment, ils ont le droit de faire cela", a souligné la commissaire européenne aux affaires intérieures, Cecilia Malmström.

La décision française d'interrompre les convois entre Vintimille et Menton pour empêcher l'arrivée d'un "train de la dignité" transportant deux cents militants des droits de l'homme et des migrants jusant a répondu aux critiques que la France avait respecté les règles européennes. "Nous faisons une application à la lettre et dans l'esprit des accords" de Schengen, a assuré le ministrequ'à Nice a provoqué l'ire des Italiens. Claude Gué, évoquant la vérification par la France de l'existence de ressources de ces migrants tunisiens venus d'Italie avant de les autoriser à entrer sur son territoire.

"IL Y A DES CONDITIONS"

Claude Guéant a souligné que la décision de Rome d'accorder des permis de séjour temporaire "a été contestée par beaucoup de pays de l'Union européenne". "Mais nous avons accepté cette disposition. En revanche, il y a des conditions", a-t-il insisté.

Rome a décidé d'octroyer des permis de séjour de six mois aux plus de 20 000 Tunisiens arrivés sur ses côtes depuis janvier, pour qu'ils puissent rejoindre "amis et parents" en France et ailleurs en Europe. "Il y a une règle qui prévaut dans les accords de Schengen qui est que le premier pays d'entrée gère les populations migrantes", a souligné le ministre français.

RISQUE DE DÉSORDRE PUBLIC

Selon lui, les ressortissants étrangers auxquels l'Italie donne des autorisations de séjour provisoire doivent prouver qu'ils disposent des ressources financières suffisantes pour séjourner dans le pays de deuxième séjour et pour rentrer chez eux ensuite. En l'absence de ces moyens, "nous reconduisons ces personnes en Italie, qui est le pays de premier séjour", a indiqué M. Guéant.

Le ministre a par ailleurs justifié la décision prise par Paris de suspendre la circulation des trains depuis la ville italienne de Vintimille. Il a évoqué le risque de désordre public que posait un convoi avec, à son bord, des manifestants voulant accompagner en France des immigrés tunisiens. "Un problème d'ordre public était en perspective et la façon la plus simple de le traiter était d'interrompre l'avancée de ce train", a-t-il expliqué.
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