vendredi 22 avril 2011

Les rebelles ont gagné du terrain dans l'ouest de la Libye jeudi matin en s'emparant d'un des postes frontaliers avec la Tunisie

Les rebelles ont gagné du terrain dans l'ouest de la Libye jeudi matin en s'emparant d'un des postes frontaliers avec la Tunisie, jusqu'ici aux mains des forces fidèles à Mouammar Kadhafi.

Après de brefs combats, vers 7 h 30, les insurgés se sont emparé des bâtiments du poste-frontière près de Wazzan, sur la route reliant la ville libyenne de Nalout à la localité tunisienne de Dehiba, selon un témoin.

De 150 à 200 soldats pro-Kadhafi sont passés, désarmés, côté tunisien pour se protéger, a constaté un correspondant de l'AFP. Selon le chef en second de l'opération des rebelles, entre cinq et dix soldats pro-Kadhafi ont été tués, et vingt-cinq blessés.

Plusieurs centaines de rebelles en liesse célébraient cette prise stratégique par des tirs de joie, arborant le drapeau de la monarchie devenu symbole de la contestation contre le régime. Certains paradaient dans la benne d'un bulldozer et des dizaines de véhicules de rebelles étaient présents à ce poste-frontière, situé à environ 200 km au sud du principal poste-frontière tuniso-libyen de Ras Jdiri.

Le drapeau vert de la Libye a disparu du poste frontière libyen, distant de seulement 50 mètres du poste tunisien. À la place, les rebelles ont hissé de nombreux drapeaux de la monarchie, symbole de l'insurrection, tandis qu'un tracteur s'affairait à détruire un grand portrait du colonel Mouammar Kadhafi, qui marque l'entrée en Libye.

Des combats secouent depuis plusieurs jours l'Ouest libyen. Plus de cent personnes ont été tuées le week-end dernier à Nalout et Yefren, deux villes au sud-ouest de Tripoli, pilonnées par les forces kadhafistes, selon des habitants de cette région, que des milliers de Libyens ont déjà fuie pour se réfugier en Tunisie. Une grande partie de la région d'Al-Jabal Al-Gharbi est contrôlée par la rébellion, selon des habitants.

TIRS DE MORTIER À MISRATA

Des tirs de mortier ont tué trois combattants insurgés et fait dix-sept blessés jeudi dans la ville assiégée de Misrata, dans l'ouest de la Libye, ont déclaré des porte-parole de la rébellion.

La ville, dont les accès terrestres sont bloqués depuis des semaines par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi, a subi d'intenses pilonnages dans la nuit de mercredi à jeudi.

DÉBUT DUNE OPÉRATION "TERRESTRE"

Sur le front diplomatique, le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a estimé jeudi que l'envoi de conseillers militaires annoncé par Paris, Londres et Rome la veille marquait le début d'une opération "terrestre", un acte "risqué et aux conséquences imprévisibles".

"L'Histoire est riche en exemples de ce type. On commence par envoyer des instructeurs et ensuite ça dure pendant de longues années, faisant des centaines et des milliers de morts de chaque côté", a-t-il relevé, alors que le Conseil national de transition plaide pour plus de frappes contre le régime libyen.
Démenti de l'OTAN sur des victimes civiles

L'OTAN a affirmé jeudi n'avoir "aucune indication" faisant état de civils tués lors de bombardements d'avions de l'alliance mercredi soir près de Tripoli, contrairement à ce qu'a affirmé l'agence officielle libyenne Jana. "Il y a eu une frappe aérienne de l'OTAN dans la région de Khellat Al-Ferjan. La cible était un bunker abritant un centre de commandement et de contrôle au milieu d'une base militaire", a déclaré à l'AFP un responsable de l'alliance sous couvert d'anonymat.

L'agence officielle libyenne avait indiqué que sept "civils" avaient été tués mercredi soir et dix-huit blessés lors de raids de l'OTAN sur la région, au sud-ouest de Tripoli. Jana ajoutait que le bombardement avait détruit un "certain nombre de maisons et terrorisé les femmes et les enfants dans cette région". - (avec AFP)
LE MONDE