jeudi 28 avril 2011

La France et l’Italie se renvoient les immigrés tunisiens

La France et l’Italie se renvoient les immigrés tunisiens

La décision de Rome d'octroyer des titres de séjour temporaire aux Tunisiens arrivés sur ses côtes provoque une vive tension avec Paris. A la frontière, les policiers refoulent de part et d'autre les réfugiés.

Philippe Martinat | Publié le 19.04.2011, 07h00
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La France a fait suspendre toute la journée de dimanche la circulation des trains depuis la ville italienne de Vintimille vers la Côte d'Azur, alors qu'un convoi de manifestants et migrants tunisiens allait traverser la frontière, suscitant la colère de Rome.

La France a fait suspendre toute la journée de dimanche la circulation des trains depuis la ville italienne de Vintimille vers la Côte d'Azur, alors qu'un convoi de manifestants et migrants tunisiens allait traverser la frontière, suscitant la colère de Rome. | Roberto Salomone Zoom

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L’incroyable confusion qui règne depuis quelques jours à la frontière entre l’Italie et la France jette une lumière crue sur le mauvais fonctionnement de la zone Schengen, censée régir la circulation des personnes au sein de cet espace communautaire européen. Débordées par l’arrivée de plus de 20000 Tunisiens sur les côtes de la Péninsule depuis janvier, les autorités italiennes, lassées que leurs appels à l’aide ne soient pas entendus par Bruxelles, ont décidé d’ouvrir les vannes.

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Les Italiens ont donc accordé généreusement aux clandestins tunisiens des permis de séjour de six mois valables théoriquement dans tous les pays européens de l’espace Schengen. Attirés par les pays du Nord, et particulièrement la France où réside une forte minorité d’origine tunisienne, ces derniers se sont logiquement dirigés vers Vintimille, à la frontière entre les deux pays. Dimanche, sentant la situation leur échapper, les autorités françaises décidaient de réagir en interrompant le trafic ferroviaire entre les deux pays pendant une demi-journée, provoquant la colère de Rome et le dépôt d’une plainte d’une association d’usagers italiens des chemins de fer. Hier encore, le ballet des policiers français ramenant vers l’Italie des clandestins tandis que leurs homologues italiens faisaient la même chose en sens inverse vis-à-vis de Tunisiens refoulés par les Français se poursuivait.

Sarkozy et Berlusconi se rencontrent mardi prochain

Faute d’anticipation, l’Europe ne parvient pas pour l’heure à maîtriser ce flux d’immigration provoqué par l’instabilité d’une révolution tunisienne pourtant applaudie au nord de la Méditerranée. Les différences entre les législations nationales et les retards de transposition des directives européennes n’arrangent rien. Même si, sur le fond, Bruxelles semble donner aujourd’hui raison à Paris contre Rome, le dossier immigration, si sensible politiquement de part et d’autre des Alpes, alourdit un peu plus le contentieux (notamment économique) entre l’Italie et la France, à une semaine de la rencontre prévue à Rome entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi.
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