mercredi 20 avril 2011

La Commission européenne a donné raison lundi à Paris, alors que la tension est montée d'un cran avec Rome ce week-end

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Trains bloqués par la France : Bruxelles donne raison à Paris, Rome ne décolère pas

Publié le 18.04.2011, 15h44 | Mise à jour : 23h11
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Dimanche 17 avril. Environ 60 migrants tunisiens et des militants français et italiens, qui comptaient se rendre en France, ont été bloqués pendant plusieurs heures en gare de Vintimille en Italie.

Dimanche 17 avril. Environ 60 migrants tunisiens et des militants français et italiens, qui comptaient se rendre en France, ont été bloqués pendant plusieurs heures en gare de Vintimille en Italie. | AFP/CATHERINE MARCIANO Zoom

La France avait le droit de bloquer le trafic ferroviaire avec l'Italie. La Commission européenne a donné raison lundi à Paris, alors que la tension est montée d'un cran avec Rome ce week-end. Dimanche, les autorités françaises ont en effet suspendu six heures durant la circulation de tous les trains italiens depuis Vintimille, commune frontalière, pour éviter qu'un convoi de migrants tunisiens accompagnés de militants français et italiens ne traverse la frontière.

Plainte d'usagers

Au lendemain de cette bravade française, la pilule est bien difficile à avaler côté italien. «Une gifle» pour Rome, titre même le quotidien La Repubblica. L'une des plus importantes associations de consommateurs italiens, la Codacons, a annoncé avoir déposé une plainte auprès du parquet d'Imperia et envisage maintenant de réclamer des dommages et intérêts pour tous les passagers restés bloqués à la frontière. «Bloquer pendant une demi-journée tous les trains en provenance de Vintimille viole les règles de base de la libre circulation des citoyens», estime l'association dans un communiqué.

Au nom de l'ordre public

Le gouvernement de Berlusconi, lui, accuse Paris d'avoir «violé des principes européens». Faux, selon Bruxelles : la France avait le droit de bloquer le trafic pour «des risques de désordre public, en raison de la présence de manifestants voulant accompagner en France les migrants tunisiens». «C'était une mesure d'ordre public, une interruption très temporaire, unique», a indiqué la commissaire chargée des questions d'immigration, Cecilia Malmström.

Des permis temporaires délivrés à quelque 20 000 migrants

La Commission européenne a aussi rappelé aux autorités italiennes que les permis de séjour temporaires n'étaient en aucun cas une autorisation de voyager dans les autres pays de l'espace Schengen. Les titulaires de ces permis temporaires doivent avoir un passeport valide et justifier de ressources suffisantes pour pouvoir séjourner dans un autre pays européen et ensuite regagner leurs pays d'origine, précise le porte-parole de Mme Malmström.

Depuis maintenant plus de dix jours, Rome a décidé de délivrer des permis de séjour temporaires aux quelque 20 000 migrants tunisiens qui ont fui leur pays pour l'Italie. Des titres valables dans tout l'espace Schengen et qui leur permettent de rejoindre «amis et parents» en France et ailleurs en Europe. Une initative pas vraiment au goût de Paris, qui entend justement durcir le ton sur l'immigration.

En marge d'une visite à Bucarest, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a d'ailleurs campé sur ses positions. «Nous faisons seulement une application à la lettre et dans l'esprit des accords de Schengen dans le dossier des migrants tunisiens.»
le parisien