mercredi 20 avril 2011

Des trains bloqués à Vintimille toute la journée de dimanche par la France. Paris sommé de fournir des «éclaircissements» par l'Italie

Des trains bloqués à Vintimille toute la journée de dimanche par la France. Paris sommé de fournir des «éclaircissements» par l'Italie. Le ton est à nouveau monté ce week-end entre les deux pays

En cause : Rome a décidé d'octroyer des permis de séjour de six mois aux plus de 20 000 Tunisiens arrivés sur ses côtes depuis janvier, pour qu'ils puissent rejoindre «amis et parents» en France et ailleurs en Europe. Selon les médias italiens, une vingtaine de Tunisiens ont passé avec succès les contrôles frontaliers vers l'Hexagone depuis samedi.

Le «train de la dignité»

Paris s'est irrité de cette initiative, exigeant que les migrants possèdent aussi un passeport et des ressources suffisantes. Et a fait suspendre toute la journée de dimanche la circulation ferroviaire depuis la ville italienne de Vintimille vers la Côte d'Azur. Plusieurs dizaines de jeunes militants des droits de l'homme, des Français et beaucoup d'Italiens, avaient pris place à Gênes à bord d'un «train de la dignité» devant accompagner des migrants tunisiens jusqu'à Nice. Ils avaient annoncé vouloir «défier les blocages gouvernementaux pour ouvrir les frontières, garantir le libre accès au territoire européen, et rappeler qu'aucun être humain n'est illégal».

La «ferme protestation» de l'Italie

Selon le ministère français de l'Intérieur, la circulation des trains a été suspendue «à la demande du préfet des Alpes-Maritimes, en raison des risques de trouble manifeste à l'ordre public». Les militants venus du nord de l'Italie et de Venise, étaient «entre 250 et 300» et leur manifestation n'avait été ni déclarée, ni autorisée, selon les services de Claude Guéant. Vers 17h30, les manifestants se sont dispersés et ont quitté Vintimille, avant la reprise de la circulation.

L'Italie a dénoncé une décision «unilatérale» et a fait transmettre par son ambassadeur à Paris sa «ferme protestation» en réclamant des «éclaircissements» pour une mesure «illégitime et en violation des règles européennes» de libre circulation.

Début mars, Claude Guéant, tout nouveau ministre de l'Intérieur, avait demandé à l'Italie de «retenir» les Tunisiens qui fuyaient leur pays, en proie à des bouleversements politiques. Il avait accusé Rome de ne pas «jouer le jeu de la règle européenne».
le parisien