mercredi 6 avril 2011

Débat sur la laïcité : Sarkozy est grand et Copé est son prophète

Débat sur la laïcité : Sarkozy est grand et Copé est son prophète
Par Rue89 | 05/04/2011 | 16H16
Partager:
Changer mon statut sur 'Twitter'
Partager sur 'Facebook'
Partager sur 'del.icio.us'

Revivez minute par minute la convention UMP sur l'islam, où l'on a entre autres disserté sur La Réunion… « où ça se passe bien ».

Baudry sur la fin du débat sur la laïcité.

Enfin débarrassée. Ce mardi soir, la majorité en a fini avec ce « débat sur l'islam » réclamé en janvier par Nicolas Sarkozy, rebaptisé « convention sur la laïcité » au fur et à mesure que les risques de stigmatisation étaient soulignés.

Une fois ce rendez-vous passé, Jean-François Copé, le secrétaire général de l'UMP, déposera à l'Assemblée nationale une proposition de résolution « rappelant les principes de la laïcité ». Avec Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, il partage l'ambition de regrouper tous les textes qui existent pour l'instant sur le sujet dans un « code de la laïcité ».

Nous vous proposons de revivre la convention, qui s'est déroulée dans un hôtel parisien tout proche de la gare Montparnasse.
Minute par minute

20 heures. Petit bilan des présents :

Les courageux : quatre ministres ont accepté de se mouiller et de participer aux débats à la tribune. Valérie Pécresse, Bruno Le Maire, François Baroin, Luc Chatel.
Les téméraires : assis aux premiers rangs, deux ministres ont osé se lever et prendre le micro. Laurent Wauquiez, qui a évoqué son expérience de maire du Puy-en-Velay, et Gérard Longuet, qui a abordé la tolérance religieuse dans l'armée.
Les spectateurs (plus ou moins) studieux : assis eux aussi au premier rang, on a aperçu au cours de l'après-midi Claude Guéant (qui n'a pas pris la parole, se contentant de prendre quelques notes), Nathalie Kosciusko-Morizet, Pierre Lellouche, Georges Tron, Marie-Anne Montchamp ou Jeannette Bougrab. Un effort que Jean-François Copé saura apprécier. Son fidèle allié Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée, a aussi eu droit à son siège au premier rang, comme le sénateur-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin.
Les paresseux : Eric Besson et Brice Hortefeux sont restés à peine plus d'une demi-heure. Le premier, visiblement passionné par l'événement, a quitté la salle au milieu du discours de Jean-François Copé. Le second, plus poli, a attendu que le secrétaire général de l'UMP termine.
La surprise : très discrète, Rachida Dati a assisté brièvement au début des débats, avant de s'éclipser. Etrange, elle avait prévu de ne pas venir…
L'émissaire de l'Elysée : Franck Louvrier, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, était présent à l'ouverture des débats.
Le retardataire : Jean-Pierre Raffarin est arrivé tout sourire et l'air de rien, à 19h10, soit vingt minutes avant la clôture des débats. C'est quand même gentil d'être passé.

19h45. Jean-François Copé conclut : « On va maintenant passer à la phase action, mais rien n'aurait pu se faire sans cette convention. » Et spéciale dédicace au faux ami Nicolas Sarkozy :

« J'ai ce soir une pensée pour le président de la République qui aura, je crois, avec la copie que nous lui remettons, une très belle contribution. »

19h35. Jusqu'ici, on parlait de religion, mais peu d'intégration ou d'immigration. Le maire de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), Xavier Lemoine, se lève. Pour évoquer autant des femmes et des jeunes filles forcées de porter le foulard, et « ceux qui se sentent étrangers chez eux ». Une expression déjà utilisée dans les médias par Claude Guéant, assis justement tout près de lui. Xavier Lemoine résume :

« Je veux des populations qui soient libres et qui soient pas dans un combat entre le “je” et le “nous” ».

Jean-François Copé en profite pour intervenir. Et le débat, très consensuel jusqu'ici, semble se droitiser : « Ce témoignage-là, c'est aussi la réalité », souligne le secrétaire général de l'UMP. Jean-François Copé dénonce « un rapport de forces intolérable contraire aux lois de la République », et estime qu'il faudra une loi pour dire « ça on peut faire, ça on peut pas faire », sur le modèle de la loi sur la burqa dont il avait pris l'initiative :

« Quoi qu'on puisse en penser, les directives préfectorales ne suffisent pas. Les directives préfectorales, c'est ce qu'on fait en catimini quand on a peur. »

En prononçant cette formule, Jean-François Copé tourne son regard vers Claude Guéant, assis en dessous de lui. Rappelons que le ministre de l'Intérieur est le big boss des préfets. Et, donc, le superviseur en chef de ces directives préfectorales faites « en catimini ». Sympa.

19h30. Miracle laïc (bis) : Rachida Dati est venue elle aussi. De retour de Strasbourg ?

@alertecliché : l'intervention de Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, nous pousse à demander à @YannGuégan d'ajouter « Le Vivre ensemble » à @alertecliché.

19h25. Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, prend le micro. Mais alors qu'il était à la tribune en début d'après-midi, il s'exprime depuis la salle. Il évoque sa « gêne d'assister à un débat où il est question de l'islam, et c'est la raison pour laquelle j'ai choisi de descendre de la tribune » :

« Une religion se juge sur ce qu'elle fait et pas sur ce qu'elle est. Je sais, en tant que juif, ce qu'il en coûte d'être jugé sur ce qu'on est, nous l'avons vécu au milieu du XXe siècle.

Ce préalable, je l'applique aux autres religions. Nous devons être jugés sur nos actes. Et sur nos actes, nous devons être non seulement intègres, mais impeccables par égard aux lois de la République. »

19h10. Miracle laïc : Jean-Pierre Raffarin, pourtant très occupé, a réussi à venir.

19 heures. Pour la deuxième table ronde, celle consacrée à l'islam et donc aux problèmes les plus brûlants, la salle s'est nettement vidée.

Les députés qui ont assisté, debout, au discours de Jean-François Copé sont partis. Comme la plupart des ministres : au premier rang, où des sièges leur étaient réservés, on ne remarque plus que Claude Guéant et Georges Tron.

Place à Valérie Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur, qui aborde l'enseignement des religions et de la théologie à l'université. Elle veut ainsi généraliser la formation d'imams, comme celle initiée par la Catho de Paris et la Grande Mosquée de Paris.

Puis elle annonce, inspirée par les révolutions arabes, qu'elle a confié au politologue Gilles Kepel la mission de créer un Institut de recherche « pour comprendre le monde arabe et le monde musulman contemporains ».

Bruno Le Maire évoque lui l'abattage rituel. Dans une ambiance presque feutrée : une bonne partie des journalistes et des caméras ont aussi disparu.

18h55. La secrétaire d'Etat Marie-Anne Montchamp (« Madame dépendance » au gouvernement) prend la parole car elle doit filer. Tout le monde la regarde avec un drôle d'air, Copé finit par la couper. Soupirs dans la salle.

18h50. On disserte sur le concept d'« 'islam de France » et sur le cas de La Réunion, « où ça se passe bien », notamment grâce à un centre de formation des imams, « qui parlent tous français et sont parfaitement laïcs ».

18h30. Guerre ou surenchère des chiffres entre Copé et Guéant ? Claude Guéant annonce de « cinq à six millions » de musulmans en France (« et ça pose problème »), et l'UMP, dans son document n'en compte que quatre millions. Le rapport dit :

« On estime actuellement à environ quatre millions le nombre de personnes de tradition musulmane, soit 6% de la population (mais 14% des 18-24 ans), liées pour beaucoup au Maghreb, mais aussi à l'Afrique noire ou à la Turquie. »

Le Charlie Hebdo du 6 avril de Pierre Haski/Rue89.Dans un entretien donné à France-Soir, le sociologue des religions Olivier Bobineau qui forme les futurs cadres musulmans de la République (aumôniers, responsables d'associations) à l'Institut catholique de Paris et enseigne à Sciences-Po réduit la voilure des chiffres :

Combien de lieux de culte musulmans en France ? « 2 000 environ [des salles de prières pour l'essentiel, ndlr]. Un trentaine de minarets se trouvent désormais sur notre sol, dont deux ont une hauteur de plus de 30 mètres. »
La burqa ? « On dénombre environ 1 000 niqabs en France. Aucune burqa “ pachtoune ” par contre (avec un grillage en tissu qui masque les yeux). »
Des données sur les hôpitaux ? « Cinq plaintes, en tout et pour tout, ont été déposées l'an dernier pour refus d'auscultation. »
»Missoum Chaoui, responsable de l'aumônerie pénitentiaire d'Ile-de-France, avance le chiffre de 65% de détenus musulmans dans les prisons françaises… C'est même 80 % pour l'Ile-de-France. Pour ma part, je préfère parler de détenus de culture musulmane. »

La dernière étude en date, parue en octobre 2010 sous le titre « Trajectoires et Origines », émane de l'Institut national des études démographiques (Ined) et de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Selon les deux organismes publics, la France compte 2,1 millions de « musulmans déclarés ».

18h35. On ne peut pas parler de « pacte républicain » sans parler de « contrat », répète Copé. Il cite Rousseau, sans se tromper. Il n'enrichira pas la #bibliolefebvre.

18h25. « L'école de la République n'est pas à la carte », martèle Copé. L'histoire du « temps des Croisades », « l'enseignement de la Shoah », « l'éducation sexuelle », les séances de « piscine »… c'est pour tous les élèves.

18h15. Il l'avait lui aussi promis, il est venu : Brice Hortefeux vient de faire son entrée dans la salle. Juste au moment où Jean-François Copé souligne la présence de 200 journalistes, de « très nombreux parlementaires », de « très nombreux ministres ».

L'air grave : « Un certain nombre d'entre nous ont particulièrement mal vécu des amalgames sordides qui ont été fait par rapport à notre démarche », notamment « des comparaisons avec la France des années 40 ».

En 2011, dit Copé, place à une « laïcité de rassemblement », pas « de division ». Et de détailler ses propositions, qui visent notamment à ne « pas laisser les acteurs de terrain seuls face à leurs difficultés ».

Jean-François Copé (capture d'écran de Public Sénat).

Puis il tacle le PS en disant qu'il « ne suffit pas de signer des manifestes avec Tariq Ramadan dans certains hebdomadaires ». L'hebdomadaire, c'est le Nouvel Observateur, et le « manifeste », une pétition contre le débat sur laïcité signée par Tariq Ramadan… mais pas par Martine Aubry et Laurent Fabius, qui ont retiré leurs signatures pour que leurs noms n'apparaissent pas à côté de celui de Tariq Ramadan, intellectuel controversé.

18h10. (Des Yvelines) La proposition 8 dit « rappeler que, dans le cadre d'un service public, les convictions religieuses, politiques ou philosophiques n'autorisent pas à invoquer un traitement spécifique de nature à mettre en cause son bon fonctionnement mais que, dans cette limite des aménagements peuvent être trouvés, par exemple concernant les prescriptions alimentaires (menus végétariens) […] » :

M'hamed, St Quentin (Val d'Oise) : « La viande halal, ça ne dérange personne. C'est juste pour le principe que ça les chatouille. »

Ibou, Limay, : « Ça ne les dérange pas de faire du business avec le halal. Auchan, Carrefour, Leclerc… Ils se font un paquet de thunes grâce à ça. »

Karima, Les Mureaux : « Il y a des établissements qui comptent jusqu'à 50% de musulmans, qu'on continue de traiter comme s'ils étaient potentiellement étrangers. Nous ne sommes pas organisés, voilà tout. Nous sommes des millions et nous restons muets. »

Farid, Colombes (Hauts-de-Seine) : « Je comprends un peu la position du gouvernement. En Algérie, quand tu te convertis au christianisme, tu es banni. »

Malek, qui répond à Farid : « En Algérie, il n'y a pas cinq millions de musulmans. La question ne se pose pas. En plus, le mec te parle du halal. Si tu es chrétien, tu as le droit de manger halal alors que le contraire est impossible. »

Farid, encore : « Oui mais moi je te parle de tolérance. Nous, musulmans, nous ne sommes pas si tolérants. On donne l'impression d'une religion agressive. »

18h05. Christophe Barbier est « extrêmement rassuré ». Il n'a pas noté de « problème de principe » de définition, de philosophie sur la laïcité. Les seuls « problèmes » sont donc « concrets », dit-il en plissant les yeux. Il a visiblement perdu un pari : il doit placer le nom de son journal au moins une fois par phrase.

17h55. Arrivée du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, au milieu de l'intervention de Jean-Claude Gaudin. Trois autres ministres viennent d'arriver : Pierre Lellouche (Commerce extérieur), Valérie Pécresse (Enseignement supérieur), Eric Besson (Industrie).

Télécharger les 26 propositions de l'UMP sur la laïcité, PDF.

17h50. Résumé des 26 propositions de l'UMP. (Télécharger le document complet)

un code de la laïcité ;
enseignement obligatoire de la laïcité à l'école, auprès des agents des services publics et pour les ministres des cultes ;
formation spécifique pour les responsables de ressources humaines et les inspecteurs du travail ;
extension de l'exigence de neutralité et de laïcité aux « collaborateurs occasionnels du service public » et aux structures privées des secteurs social, médico-social, ou de la petite enfance chargées d'une mission de service public ou d'intérêt général ;
interdiction de récuser un agent du service public en raison de son sexe ou de sa religion supposée ;
interdiction de se soustraire au programme scolaire obligatoire (même les SVT, l'EPS…) ;
possibilité pour les entreprises d'intégrer dans leur règlement intérieur des dispositions relatives au port de tenues et signes religieux et l'élaboration d'un « guide des bonnes pratiques de la liberté religieuse et du vivre ensemble dans les entreprises » ;
faciliter la construction de nouveaux lieux de culte grâce à des baux emphytéotiques avec option d'achat et des emprunts garantis par les collectivités locales ;
développer les carrés confessionnels dans les cimetières ;
mieux encadrer l'abattage rituel ;
une loi pour affirmer que, sauf « manifestations à caractère traditionnel », l'exercice du culte hors des lieux de culte est subordonné à déclaration préalable. En clair : pas de prières de rue hors fêtes particulières et autorisation préfectorale.

Gérard Longuet s'adresse aux participants (capture d'écran de Public Sénat).

17h45. (Des Yvelines) Parmi les propositions de l'UMP, il y a l'interdiction de « récuser un agent du service public en raison de son sexe ou sa religion supposée ». Voici ce qu'en pense Rachid, 30 ans, de Poissy :

« Quand tu souffres, tu souffres et c'est la compétence qui prédomine. Mais il y a forcément un amalgame qui est fait. Je connais des filles, pas musulmanes, qui refusent aussi, par pudeur. La pudeur n'est pas islamique. En tant qu'homme, je n'ai jamais refusé de femme médecin. On est dans l'anecdote là, pas vraiment dans le débat de fond. »

Raja, Paris :

« Ça j'avoue, je ne comprends pas trop. Moi ça ne me dérange pas car c'est son métier. Il est formé à ça. On ne va pas voir le mal partout. »

Sandy, Eragny, Val d'Oise :

« Je n'aime pas non plus qu'un homme me tripote. Pourtant je ne suis pas musulmane. Si demain je refusais un homme médecin, il n'y aurait aucune polémique. C'est quand même beaucoup d'acharnement. »

Pour Ahmed, Plaisir, « il y a une surenchère du gouvernement mais il y a une surenchère aussi de certains sur leurs pratiques. On est en 2011 et on doit aussi faire des efforts. Je suis pratiquant mais quand ma femme souffre, je la fais soigner par n'importe qui. »

17h35. Problème d'intendance : notre reporter s'aperçoit que les prises de l'hôtel ne fournissent pas d'électricité. « Mais c'est assez chiant pour l'instant », tempère-t-il.

17h25. Premier choc dans ce débat : on apprend la naissance prochaine d'une nouvelle religion. Jacques Myard, député des Yvelines, s'est pourtant défini comme « laïcard » (et « j'assume ») lorsqu'il a pris le micro.

Mais « demain, je vais créer une religion, je vais l'appeler le myardisme transcendental ou ascensionnel, je vais aller voir le maire et lui dire, finance-moi. » Sa conclusion :

« On campe sur le principe de laïcité, c'est la République. »

17h20. (Des Yvelines) Driss, Conflans Sainte-Honorine :

« Tu crois que ça fait plaisir aux gens de prier dans la rue ? Les premiers qui en pâtissent, c'est nous. Si tu habites à la campagne, que tu ne connais pas de musulmans, tu as l'impression en regardant la télé que tu es à Kaboul. »

Kameleddine, Cergy-Pontoise :

« Ce n'est pas la faute du gouvernement mais notre faute. On est divisés. Chacun joue sa propre musique et au final, on récolte ce qu'on a semé. Si on n » a pas de mosquées, c'est notre faute.

Parfois, nous avons les autorisations mais on se déchire, entre nous. L'islam souffre de sa désorganisation. Il nous faudrait un clergé. […]

Benoît, Mantes-la-Jolie (Yvelines) :

Je me suis converti à l'islam. Les prières de rue, c'est inadmissible, tout simplement. L'Etat a raison d'intervenir car au final, ça peut permettre de réclamer plus facilement des mosquées. Un mal pour un bien quoi. »

17h10. On entre dans le vif du sujet, puisque la parole est maintenant à celui qui doit représenter l'islam à la tribune, Farid Hannache (co-auteur d'un livre avec l'imam de Drancy Hassen Chalgoumi, qui devait intervenir mais s'est fait excuser). Et il s'adresse à « mon ami de L'Express » (Christophe Barbier) pour souligner qu'il y a « tant de fantasmes » sur l'islam.

« Il n'y a pas de communauté musulmane », et à force d'utiliser cette expression, « on est en train de créer un communautarisme ».

Sa définition de la laïcité ? « La laïcité, c'est un sanctuaire contre le débordement du religieux sur la sphère publique », et contre les « manifestations sectaires ».

17h05. Les 26 propositions de l'UMP sur la laïcité sont désormais connues. (Télécharger le document plus haut)

17 heures. Nadine Morano vient d'arriver. Et tiens, des ministres sont cachés dans la salle. Gérard Longuet, ministre de la Défense, est convié à la tribune le temps d'un exposé sur le rôle des aumôniers dans l'armée, qui construisent « une confiance entre ceux qui n'ont pas forcément les mêmes origines culturelles mais ont la même volonté de construire une communauté ».

16h55. Le père Matthieu Rougé, avec son col romain, a « trois choses » à dire :

la laïcité n'est pas une religion, c'est « un art de vivre ensemble » dont il convient de traiter avec pragmatisme ;

nous avons en France un corpus de réflexion bien vivant, soyons serein sur notre capacité à réfléchir sur le sujet ;

nous avons un corpus législatif, réglementaire, jurisprudentiel bien nourri aussi.

Le prêtre invité à la convention UMP (capture d'écran de Public Sénat).Selon lui, le « code de la laïcité » voulu par Copé existe déjà : c'est un pavé bordeaux, titré « La liberté religieuse de régimes des cultes en droit français », une compilation des textes de référence préfacée par Mgr Jean-Pierre Ricard, le président de la Conférence des évêques de France.

16h50. C'est au tour du ministre de l'Education nationale de passer à la question : « Alors, c'est quoi la laïcité à l'école ? »

Luc Chatel (capture d'écran de Public Sénat). Luc Chatel en profite pour saluer à son tour l'organisation de ce débat, s'offrant des applaudissements :

« Un parti politique, ce n'est pas seulement organiser les investitures pour les élections, et s'il y en a un qui nous a appris ça, c'est bien Nicolas Sarkozy. »

On en oublierait presque le peu d'enthousiasme du gouvernement pour ce même débat, il y a encore quelques jours.

16h50. (Des Yvelines) Jawed, 28 ans, que je rencontre à Coignières, estime que sa pratique n'est jamais entrée en contradiction avec les lois républicaines, auxquelles il « souscrit totalement ».

« Quand nos parents sont venus en France, ils étaient aussi musulmans. Beaucoup de mamans portaient le foulard et ça n'a jamais fait jaser. Pourquoi n'y a t il pas eu de débat à ce moment ? Je déplore vraiment la passivité des musulmans. Cette mise sous tutelle, au fond, on la mérite aussi. »

Jamel accepte de me parler. D'abord à contrecoeur. Il me réclame ma carte de presse, puis accepte de me dire « deux mots et pas plus » :

« Qu'est ce qui est le plus important ? La burqa ou le pouvoir d'achat ? Un truc qui touche une infime minorité ou quelque chose qui concerne des millions. Si tu es au chômage, dis moi ce que ça peut te foutre de voir une femme en burqa sérieux ? Bien sûr qu'à la maternelle, quand elle va chercher ses gosses, elle doit l'enlever. De là à en faire un débat »

Najet, Tunisienne, partage le même avis. Cadre bancaire, elle dit ne pas comprendre l'intérêt d'un tel débat. Sur la burqa, elle a par contre un avis bien tranché :

« Ce n'est pas musulman, ça. C'est une dérive. Pas de quoi en faire un débat. Depuis que je suis à Paris, je n'en ai quasiment jamais vu. Il y a quoi, des millions de musulmans, et on nous enquiquine pour une poignée de femmes. Si 20% des électeurs votent Marine, doit-on en conclure que la France est un pays raciste ? »

Avant de grimper dans son bus, elle tient à me souligner l'aspect positif de « tout ça » :

« Je pense que ça va pousser les musulmans à voter, à plus s'investir. C'est un bon coup de pied au derrière »

16h45. Joël Mergui, le président du consistoire central. Pour lui, « la laïcité, c'est le bien vivre en soi pour mieux vivre ensemble ».

16h40. Second candidat : « Alors, Christophe Barbier, c'est quoi pour vous la laïcité » ? Le directeur de la rédaction de L'Express a droit à des applaudissements lorsqu'il juge indispensable de débattre du sujet « en amont », avant « le sprint » de la présidentielle.

Copé, Barbier et Baroin, notamment (capture d'écran de Public Sénat).

Pas d'applaudissements en revanche lorsqu'il cite le poète du Moyen Age Chrétien de Troyes, dont le nom est « tout un symbole quand même ».

Il dit : « J'ai l'impression que ce débat, il faut qu'il ne finisse jamais » pour éviter toute « sclérose de la pensée », « parlons-en toujours ». La laïcité doit aussi servir à « protéger les religions contre les fausses religions ».

François Baroin rend « hommage » à « Jean-François », son « ami ». Croustillant après les empoignades de la semaine dernière.

16h35. François Baroin a droit à la première question : « Alors, qu'est-ce que c'est pour vous la laïcité ? » Il soupire, sourit, puis se lance dans un historique de la laïcité, de la loi 1905 à la présidence de Nicolas Sarkozy, avec notamment la loi sur la burqa voulue par Jean-François Copé. Et aujourd'hui, François Baroin dit qu'il ne peut « qu'encourager » le secrétaire général de l'UMP à mettre en oeuvre son projet de « code de la laïcité ».

16h35. On se souvient que Christophe Barbier disait, dans L'Express, « vouloir porter la controverse » lors de cette convention. Pour l'instant, il tweete.

16h30. « C'est un métier, présentateur, et je ne suis pas présentateur », bafouille Valérie Rosso-Debord en présentant laborieusement les invités.

Joël Mergui, Luc Chatel et Valérie Rosso-Debord, notamment, captures d'écran du live de Public Sénat.

Elle avait promis qu'elle passerait, elle a tenu parole : Nathalie Kosciusko-Morizet vient d'arriver. Les deux ministres présents à la tribune doivent se sentir moins seuls.

16h25. Copé lit sa « Lettre à un ami musulman ». Nous vous invitons à relire la réponse d'un « ami » musulman publiée sur Rue89.

La députée UMP Valérie Rosso-Debord ouvre la première table ronde.

16h20. A l'UMP, ces derniers jours, c'était à qui trouverait la meilleure excuse pour ne pas participer à cette convention sur la laïcité. Finalement, quatre ministres figurent dans la liste des intervenants. Déjà à la tribune pour la première des deux tables rondes (« La laïcité au XXIe siècle : un modèle français ? »), François Baroin et Luc Chatel.

Leur collègue Bruno Le Maire, annoncé également dans la liste des intervenants, est en retard visiblement. Espérons qu'il arrivera à temps pour la seconde table ronde, pour que Valérie Pécresse et Luc Chatel ne soient pas seuls à représenter le gouvernement pour plancher sur le sujet le plus chaud, « Vers un islam de France : les progrès accomplis et ce qu'il reste à faire ».

Pour accompagner Jean-François Copé et ces quatre ministres :

un rabbin (Gilles Bernheim, grand rabbin de Paris),
un imam (Hassen Chalgoumi, imamp de Drancy),
un prêtre,
le trésorier de la Fédération protestante,
des universitaires,
et… tiens, mais que fait-il là ? Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L'Express, et son écharpe rouge évidemment.

(Des Yvelines) Officiellement, il ne s'agit pas de stigmatiser les musulmans. Mais, pour Claude Guéant, « l'accroissement » de ces mêmes musulmans est « un problème ».

Soufiane, la quarantaine passée, Chanteloup-les-vignes :

« Il est honnête au moins. Je préfère ça. Il assume. Ce n'est pas un débat sur la laïcité, c'est juste une manière de dire aux Français que les musulmans sont une menace. Avant j'en aurais pleuré, aujourd'hui, ça ne m'étonne même pas. C'est de la surenchère. Ces mecs s'en foutent de l'islam. Ils veulent juste rester au pouvoir, et si le racisme de base peut les aider, ils ne se gêneront pas. »

Il y a quelques années, Rachid aussi aurait été choqué. Aujourd'hui, beaucoup moins :

« C'est dans la lignée du débat sur l'identité nationale et des racines chrétiennes de la France, non ? »

Ce jeune homme, d'origine algérienne, habite Poissy. Si le principe d'un débat ne le dérange pas, il fustige le timing, et surtout, sa pertinence :

« Avant 2012, tout ce tapage a bon dos. Les produits de première nécessité augmentent tandis qu'on s'amuse à parler de viande halal, de voile et de piscines. Les musulmans ne sont pas stupides. Ils sont devenus les boucs émissaires. Ce débat n'aura rien de constructif. C'est un coup médiatique. Au lieu de parler de ce qui unit les Français, on cherche à les diviser ».

16h15. Copé explique : « Depuis des semaines, tout a été fait pour que cette réunion n'ait pas lieu » mais il a tenu bon car il considère que « un problème en moins, c'est un argument électoral en moins pour madame Le Pen ». Pour lui, « ce débat, ce sont les Français eux-mêmes qui le demandent. Les sondages l'attestent. »

16h10. Jean-François Copé prend la parole. Deux tables-rondes vont se dérouler. La première sera consacrée à la laïcité. L'autre à l'islam.
rue89