jeudi 24 mars 2011

Quatre élèves du lycée Auguste-Blanqui (ici, trois d’entre elles) ont vu leur longue robe qualifiée de « signe ostentatoire religieux ».

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Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), hier. Quatre élèves du lycée Auguste-Blanqui (ici, trois d’entre elles) ont vu leur longue robe qualifiée de « signe ostentatoire religieux ».

Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), hier. Quatre élèves du lycée Auguste-Blanqui (ici, trois d’entre elles) ont vu leur longue robe qualifiée de « signe ostentatoire religieux ». | (lp/éric bureau.) Zoom

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Sept ans jour pour jour après la promulgation de la loi sur le port de signes religieux ostensibles à l’école, le lycée Auguste-Blanqui, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), est agité par ce qui serait « une nouvelle affaire de discrimination » de jeunes filles musulmanes. Quatre élèves du lycée assurent avoir été menacées d’exclusion par la direction du lycée si elles n’enlevaient pas leur longue robe unie, qui serait qualifiée de « signe ostentatoire religieux ».
Nous avons rencontré trois des quatre jeunes filles hier devant le lycée. Elles étaient toutes coiffées d’un voile. Deux portaient la longue robe, noire ou bleue foncée. Halima et Inès racontent la même histoire : « La proviseur adjointe nous a convoquées pour nous dire que cette robe est un signe religieux ostentatoire et que si on ne la retirait pas, on ne serait plus acceptées dans l’établissement. »

La crainte d’une « manipulation »

Pour ces jeunes filles, cette robe « n’est pas religieuse ». « C’est un costume traditionnel, assure Halima. S’il était religieux, nous le porterions tous les jours, alors que certains jours, nous sommes en pantalon. Le voile, oui, c’est religieux, et nous l’enlevons à l’entrée du lycée , comme le veut la loi. »

Depuis ces convocations, aucune pétition n’a circulé dans le lycée, mais une partie des élèves ont décrété que « chaque jour est jour de la robe ». Depuis une semaine, deux organisations musulmanes, le collectif pro- palestinien Cheikh Yassine, connu pour ses tentatives de déstabilisation de l’imam de Drancy, et le collectif contre l’islamophobie ont apporté leur soutien aux jeunes filles. « Depuis quand une robe est-elle un signe religieux? demande Samy Debah, président du collectif contre l’islamophobie. C’est une position arbitraire et idéologue sur la tenue vestimentaire. »

De leur côté, les enseignants du lycée Blanqui s’inquiètent d’une « manipulation des jeunes filles » et de « la médiatisation » de l’affaire. Selon Clément Dirson, du Snes 93, « il n’y a eu qu’un rappel à la loi, mais il est compréhensible que ces jeunes filles l’aient compris comme une menace d’exclusion ». Ce dernier affirme que ses collègues, « choqués d’être taxés d’islamophobes, sont dans une logique d’apaisement et de discussion avec ces élèves. Mais ce problème pose une vraie question de fond, que le rectorat et, au-delà, le ministère devront trancher : cette robe longue est-elle une tenue traditionnelle ou une tenue religieuse? »

La direction du lycée ne souhaite pas s’exprimer, mais selon nos informations, la proviseur aurait réuni hier son personnel pour lui exprimer qu’« il s’agissait d’un simple rappel à la loi et qu’il n’est pas question d’exclure les jeunes filles ». Au rectorat de Créteil, on assure qu’« il n’y a pas de problème » et que « toutes les jeunes filles sont scolarisées normalement à l’heure qu’il est ».

Le Parisien