lundi 28 mars 2011

Pour la première fois depuis le début de l'insurrection libyenne, une embarcation transportant des immigrés en provenance de Libye

Pour la première fois depuis le début de l'insurrection libyenne, une embarcation transportant des immigrés en provenance de Libye est arrivée en Italie, dans la nuit de samedi 26 à dimanche 27 mars. L'embarcation transporte près de 350 personnes, parmi lesquelles 80 femmes et 12 enfants, originaires pour la plupart d'Erythrée, d'Ethiopie et de Somalie. Elle aurait quitté Tripoli jeudi, selon Mussie Zerai, un prêtre italien qui a été en contact direct avec le navire.

"Ils m'ont dit que les militaires [libyens] leur demandaient de partir", a-t-il expliqué, ajoutant que quatre ou cinq autres embarcations transportant au total environ un millier de personnes ont quitté les côtes libyennes à destination de l'Italie. "Jusqu'à présent, les seuls migrants qui arrivaient à Lampedusa étaient des Tunisiens. Il s'agit du premier bateau venant de Libye avec des personnes fuyant l'escalade militaire, les attaques et les représailles", a dit Laura Boldrini, porte-parole en Italie du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), jugeant que ces réfugiés avaient besoin d'une "protection internationale".

A leur arrivée, ces migrants doivent être à nouveau embarqués sur un ferry à destination de Porto Empedocle, près d'Agrigente en Sicile, d'où ils seront transférés dans des centres d'accueil de réfugiés, a indiqué l'agence de presse italienne Ansa.

5 000 TUNISIENS ENCORE SUR PLACE

L'Italie craint une vague d'au moins 200 000 à 300 000 immigrés en cas de chute de Mouammar Kadhafi et a réclamé, pour l'instant en vain, l'aide de l'Union européenne. Le pays est déjà confronté à l'afflux de milliers de migrants illégaux en provenance de Tunisie. Sur la seule île de Lampedusa, plus de 15 000 Tunisiens sont arrivés depuis la chute du régime de Ben Ali. Ils sont au fur et à mesure transférés par air ou par mer vers des centres de détention ou des centres d'accueil de réfugiés répartis dans toute l'Italie. Mais compte tenu des incessantes arrivées, ils étaient encore samedi environ 5 000 à s'entasser sur l'île dans des conditions sanitaires précaires.

Un traité conclu en août 2008 entre l'Italie et la Libye avait entraîné, selon les autorités italiennes, la diminution de 94 % des débarquements de clandestins en Italie, avec une politique de refoulement immédiat, d'ailleurs dénoncée par les associations de défense des droits de l'homme. Mais après le début de l'insurrection libyenne réprimée dans le sang et le lancement de l'intervention militaire occidentale, le colonel Mouammar Kadhafi a affirmé qu'il cesserait "de lutter contre l'immigration clandestine pour que des millions de noirs affluent vers l'Europe".
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