mercredi 30 mars 2011

L'UMP, c'est le Titanic.

"Je suis agacé", "J'éprouve tristesse et démotivation", "je suis décontenancé", "je suis déstabilisé"... Les députés UMP interrogés par Le Point.fr mardi matin empruntent au champ lexical de la dépression pour évoquer leurs sentiments face à la situation dans la majorité.

Avant de démarrer la traditionnelle réunion de groupe hebdomadaire à l'Assemblée nationale, ils ne mâchent pas leurs mots. "Il faut arrêter maintenant. Du temps de Xavier Bertrand, il ne se passait rien, mais là, il se passe trop de choses", souffle l'un d'eux. "Ça commence à bien faire ; toutes les semaines en réunion de groupe, tout le monde doit expliquer sa position sur le FN, le ni-ni... Cette fois, on va avoir le surréaliste débat sur la laïcité... Mais les gens s'en foutent de ça, ça ne met pas plus de sous dans leur porte-monnaie à la fin du mois ! C'est d'emploi, de logement, de pouvoir d'achat qu'il faut parler !"

"Copé pète un câble"

Une colère d'autant plus virulente que la situation ne cesse d'empirer. Lundi soir, Jean-François Copé s'en est pris, sur Canal+, à François Fillon, qu'il accuse d'avoir adopté une "posture" politique sur le fameux débat sur la laïcité. Mardi matin, Étienne Pinte, proche du Premier ministre, a demandé la démission de Copé. Fillon et Copé se sont finalement retrouvés à l'Élysée avant que le secrétaire général de l'UMP n'évoque un "apaisement."

Cette sortie de leur ancien président de groupe, qui était pourtant apprécié, a fortement déplu chez les parlementaires de l'UMP. "Copé, il pète un câble ; on n'a pas besoin d'un deuxième Sarkozy à l'UMP, il faut qu'il se calme vite", s'agace un élu dans son bureau du Palais-Bourbon. "Plus ça va, plus on est dans l'invective, voire la vulgarité. Les électeurs se détournent", dit-il, citant en exemple la défaite dimanche soir aux cantonales de la très sarkozyste Isabelle Balkany dans le non moins sarkozyste département des Hauts-de-Seine.

"Quitter le groupe, on y pense en se rasant le matin"

De fait, l'UMP semble, ce mardi, réellement sur le point d'imploser. "Quitter le groupe UMP, on y pense en se rasant le matin", nous affirme un député pourtant modéré, qui se "pose la question de se ranger parmi les non-inscrits"... En attendant une initiative du président du parti radical Jean-Louis Borloo. À la louche, il juge que si Borloo entrait en dissidence, une cinquantaine de députés seraient avec lui, entre ses proches, le Nouveau Centre, les villepinistes, "qui ne savent plus où se mettre", et les modérés.

Un proche de Dominique de Villepin nous confirme qu'il pourrait en effet quitter le groupe lui aussi, et même le parti. "On va voir...", souffle-t-il entre deux envolées contre l'augmentation du prix du gaz au lendemain des élections cantonales et le débat "hors du temps" sur la laïcité.
"Je suis agacé", "J'éprouve tristesse et démotivation", "je suis décontenancé", "je suis déstabilisé"... Les députés UMP interrogés par Le Point.fr mardi matin empruntent au champ lexical de la dépression pour évoquer leurs sentiments face à la situation dans la majorité.

Avant de démarrer la traditionnelle réunion de groupe hebdomadaire à l'Assemblée nationale, ils ne mâchent pas leurs mots. "Il faut arrêter maintenant. Du temps de Xavier Bertrand, il ne se passait rien, mais là, il se passe trop de choses", souffle l'un d'eux. "Ça commence à bien faire ; toutes les semaines en réunion de groupe, tout le monde doit expliquer sa position sur le FN, le ni-ni... Cette fois, on va avoir le surréaliste débat sur la laïcité... Mais les gens s'en foutent de ça, ça ne met pas plus de sous dans leur porte-monnaie à la fin du mois ! C'est d'emploi, de logement, de pouvoir d'achat qu'il faut parler !"

"Copé pète un câble"

Une colère d'autant plus virulente que la situation ne cesse d'empirer. Lundi soir, Jean-François Copé s'en est pris, sur Canal+, à François Fillon, qu'il accuse d'avoir adopté une "posture" politique sur le fameux débat sur la laïcité. Mardi matin, Étienne Pinte, proche du Premier ministre, a demandé la démission de Copé. Fillon et Copé se sont finalement retrouvés à l'Élysée avant que le secrétaire général de l'UMP n'évoque un "apaisement."

Cette sortie de leur ancien président de groupe, qui était pourtant apprécié, a fortement déplu chez les parlementaires de l'UMP. "Copé, il pète un câble ; on n'a pas besoin d'un deuxième Sarkozy à l'UMP, il faut qu'il se calme vite", s'agace un élu dans son bureau du Palais-Bourbon. "Plus ça va, plus on est dans l'invective, voire la vulgarité. Les électeurs se détournent", dit-il, citant en exemple la défaite dimanche soir aux cantonales de la très sarkozyste Isabelle Balkany dans le non moins sarkozyste département des Hauts-de-Seine.

"Quitter le groupe, on y pense en se rasant le matin"

De fait, l'UMP semble, ce mardi, réellement sur le point d'imploser. "Quitter le groupe UMP, on y pense en se rasant le matin", nous affirme un député pourtant modéré, qui se "pose la question de se ranger parmi les non-inscrits"... En attendant une initiative du président du parti radical Jean-Louis Borloo. À la louche, il juge que si Borloo entrait en dissidence, une cinquantaine de députés seraient avec lui, entre ses proches, le Nouveau Centre, les villepinistes, "qui ne savent plus où se mettre", et les modérés.

Un proche de Dominique de Villepin nous confirme qu'il pourrait en effet quitter le groupe lui aussi, et même le parti. "On va voir...", souffle-t-il entre deux envolées contre l'augmentation du prix du gaz au lendemain des élections cantonales et le débat "hors du temps" sur la laïcité.

"On va prendre une rouste en 2012"

Cet autre député, modéré là encore, avec qui l'on évoque la "cacophonie" ambiante - "C'est le bordel, dites-le !" -, aborde aussi son désir de rupture. "On en parle entre nous, mais on le fait portes, fenêtres et volets fermés, dans le noir... On vérifie que personne n'écoute." C'est que Le Figaro parle ce jour de cette menace de Christian Jacob, actuel président de groupe, de "brandir la carotte des aides financières et logistiques" pour dissuader les futurs rebelles...

Mais le mal semble trop profond pour être enrayé par la menace. "L'UMP était une formidable machine à gagner les élections tant qu'on respectait les sensibilités des uns et des autres. Ça va devenir une machine à perdre à force de ne marcher que sur une jambe, la droite, celle du tout-sécuritaire", analyse un député qui se dit "très inquiet" : "Je ne sais pas où ça va finir, on va se prendre une rouste en 2012 si ça continue."

Plus que de Jean-Louis Borloo, c'est du Premier ministre qu'il attend "une initiative forte". "L'UMP, c'est le Titanic. Soit François Fillon sauve sa peau et tout est permis. Soit il reste sur le bateau, alors il mourra et on mourra tous avec." Lors de la réunion de groupe hebdomadaire, Fillon s'est exprimé. Il affirme que "l'incident est clos"... L'eau commence à entrer dans les cales.

Cet autre député, modéré là encore, avec qui l'on évoque la "cacophonie" ambiante - "C'est le bordel, dites-le !" -, aborde aussi son désir de rupture. "On en parle entre nous, mais on le fait portes, fenêtres et volets fermés, dans le noir... On vérifie que personne n'écoute." C'est que Le Figaro parle ce jour de cette menace de Christian Jacob, actuel président de groupe, de "brandir la carotte des aides financières et logistiques" pour dissuader les futurs rebelles...

Mais le mal semble trop profond pour être enrayé par la menace. "L'UMP était une formidable machine à gagner les élections tant qu'on respectait les sensibilités des uns et des autres. Ça va devenir une machine à perdre à force de ne marcher que sur une jambe, la droite, celle du tout-sécuritaire", analyse un député qui se dit "très inquiet" : "Je ne sais pas où ça va finir, on va se prendre une rouste en 2012 si ça continue."

Plus que de Jean-Louis Borloo, c'est du Premier ministre qu'il attend "une initiative forte". "L'UMP, c'est le Titanic. Soit François Fillon sauve sa peau et tout est permis. Soit il reste sur le bateau, alors il mourra et on mourra tous avec." Lors de la réunion de groupe hebdomadaire, Fillon s'est exprimé. Il affirme que "l'incident est clos"... L'eau commence à entrer dans les cales.
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