mercredi 30 mars 2011

Le syndicaliste suspendu de la CGT il y a un mois pour avoir porté les couleurs du FN

Le syndicaliste suspendu de la CGT il y a un mois pour avoir porté les couleurs du FN aux élections cantonales, a reçu, lundi 28 mars, un accueil houleux au siège de la confédération, où il a défendu son double engagement, n'y voyant pas d'incompatibilité. Plusieurs centaines de militants cégétistes attendaient de pied ferme Fabien Engelmann, secrétaire du syndicat CGT des agents territoriaux de la mairie de Nilvange (Moselle), qui a été entendu par la fédération des services publics.

Sous les huées et les slogans anti-FN, Fabien Engelmann, accompagné du secrétaire adjoint de sa section, a dû franchir la foule compacte sous l'escorte du service d'ordre de la centrale, ainsi que de deux membres du "département protection sécurité" du FN, pour sa réunion avec le secrétaire général de la fédération, Baptiste Talbot. Après moins d'une heure d'entretien, il été invité à quitter discrètement le bâtiment, à la demande de la police, selon lui.

Ils ont été entendus par le secrétaire général de la fédération, Baptiste Talbot, et l'un de ses adjoints, avant la réunion, début avril, du Conseil national de la fédération, qui devra statuer sur leur cas. M. Engelmann avait été suspendu il y a un mois, ainsi que sa section, de vingt-cinq adhérents, par la fédération des services publics et l'union départementale CGT de la Moselle, pour avoir représenté le FN au scrutin cantonal.

Le candidat a été éliminé dimanche dernier à l'issue du premier tour, n'ayant pu franchir la barre de 12,5 % des inscrits. Avec 23,4 % des voix, il était arrivé en troisième position, devancé par un socialiste et un communiste. Ancien du NPA d'Olivier Besancenot, Fabien Engelmann a déclaré ne pas voir "d'incompatibilité entre ses convictions affichées et son engagement syndical".

Selon la fédération CGT des services publics, "cet adhérent a défendu publiquement les thèses du FN sur la préférence nationale, l'immigration comme cause du chômage et contre la régularisation des sans-papiers". Le FN s'est efforcé de présenter son candidat comme une victime du comportement "sectaire" de la CGT, l'encourageant à déposer plainte pour "discrimination politique".

Cette tentative de contre-offensive s'inscrit, selon l'avocat du syndicaliste suspendu, Me Gilbert Collard, "dans la stratégie [du Front national] de conquête des classes populaires et des classes moyennes". C'est aussi le FN qui a annoncé la convocation de Fabien Engelmann pour lundi, en précisant qu'il répondrait "aux questions des journalistes à la fin de la réunion". Du coup, les militants CGT parisiens se sont donné rendez-vous à Montreuil.

Selon Baptiste Talbot, interrogé dimanche, M. Engelmann garde la possibilité de "faire amende honorable", de "se ranger aux arguments" des responsables de la CGT. Mais il est "plus que probable" que la procédure disciplinaire aille à son terme, a-t-il dit. Le candidat frontiste encourt l'exclusion de la CGT.