samedi 26 mars 2011

le gouvernement libyen s'est dit, vendredi 25 mars, "prêt à mettre en œuvre la feuille de route" proposée par l'Union africaine

Vers une solution négociée en Libye ? Alors que les autorités ont déjà annoncé deux cessez-le-feu sans les respecter, le gouvernement libyen s'est dit, vendredi 25 mars, "prêt à mettre en œuvre la feuille de route" proposée par l'Union africaine (UA) pour mettre fin aux hostilités, lors d'une réunion à Addis-Abeba (Ethiopie), au siège de l'organisation africaine. Les représentants du colonel Mouammar Kadhafi ont affirmé ainsi accepter le principe de "l'adoption et la mise en œuvre d'une politique qui répond aux aspirations du peuple libyen de façon pacifique et démocratique". Ce plan de l'UA prévoit un cessez-le-feu immédiat et l'ouverture d'un dialogue entre les parties libyennes en préalable à un processus démocratique.

Réunie à huis clos, l'UA a tenté toute la journée de vendredi de trouver une issue négociée à la crise lors d'une rencontre à laquelle ne participait aucun délégué de la rébellion libyenne. Une importante délégation gouvernementale libyenne, conduite par le secrétaire général du Congrès général du peuple (la plus haute instance législative du pays), accompagné de quatre ministres, était présente aux discussions. Cette réunion se basait sur un plan élaboré par le comité de cinq chefs d'Etat de l'UA spécialement mis en place au lendemain des frappes aériennes lancées par une coalition internationale en vertu d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU destinée à protéger les civils libyens.

De son côté, le président français, Nicolas Sarkozy, a annoncé que la France et le Royaume-Uni préparaient une initiative commune à l'approche du sommet de Londres prévu mardi. "Ce sera une initiative franco-britannique pour bien montrer que la solution ne peut pas être que militaire, elle sera forcément une solution politique et diplomatique", a-t-il expliqué.

LES BOMBARDEMENTS SE POURSUIVENT

Sur le terrain, les combats se poursuivent toujours avec la même intensité. La ville de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, était soumise vendredi soir à un pilonnage intensif des forces loyales au régime. Un témoin a fait état de cinq morts au sein d'une même famille. "Les bombardements aveugles à l'artillerie se poursuivent depuis jeudi soir, ils tirent sur tout" à Misrata, troisième ville du pays, contrôlée par les rebelles mais encerclées par les forces kadhafistes, a-t-il expliqué à l'AFP. Selon lui, les habitants sont terrés chez eux et n'osent pas sortir. "Il n'y a pas d'électricité, pas d'eau et tout commence à manquer dans la ville", a-t-il raconté.

Des chasseurs-bombardiers de la coalition, notamment un avion français, ont mené des raids à Ajdabiya, où sont retranchés des soldats loyaux au colonel Kadhafi. Profitant de cet appui, les rebelles ont repris l'offensive et pénétré dans cette petite ville stratégique à 160 km au sud de Benghazi, le fief de l'opposition. Des dizaines d'habitants ont continué à fuir les combats.

LA PRESSION MILITAIRE S'ACCENTUE SUR LES FORCES DE KADHAFI

Les forces de la coalition ont tiré vendredi seize missiles de croisière Tomahawk et effectué 153 sorties aériennes au cours des dernières 24 heures, selon l'armée américaine. Les cibles étaient l'artillerie, les forces mécanisées et les structures de contrôle et de commandement des troupes fidèles à Mouammar Kadhafi.

Le ministère britannique de la défense a annoncé pour sa part qu'un chasseur-bombardier Tornado avait tiré des missiles sur des véhicules de l'armée libyenne menaçant des civils dans la région d'Ajdabia. Enfin, l'état-major français a annoncé que deux Mirage 2000 qataris, accompagnés de deux autres Mirage 2000 français, avaient réalisé vendredi la première mission aérienne du Qatar dans le ciel libyen.

Un responsable du ministère de la santé libyen a affirmé que les raids de la coalition avaient fait au moins 114 morts et 445 blessés de dimanche à mercredi.

L'OFFENSIVE POURRAIT DURER TROIS MOIS

Selon un porte-parole de l'Alliance atlantique, les opérations de l'OTAN pour faire respecter la zone d'exclusion aérienne dans le ciel libyen pourraient durer trois mois. Le chef d'état-major des armées françaises a prévenu que l'issue du conflit ne serait pas rapide. Le général canadien Charles Bouchard a par ailleurs été nommé par l'OTAN à la tête des opérations de l'Alliance atlantique en Libye.

Barack Obama, critiqué sur la participation des Etats-Unis en Libye, prononcera "dans un très proche avenir", mais pas vendredi, une allocution sur la situation en Libye. Le président américain expliquera quels sont les objectifs en Libye et pourquoi il pense que la décision d'agir militairement était la bonne.
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