mardi 22 mars 2011

Le fragile soutien des opinions arabes

C'est le premier craquement sérieux de la coalition mobilisée dans la hâte en fin de semaine dernière, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU se préparait à voter le feu vert aux opérations militaires contre Kadhafi, pour l'empêcher de reprendre Benghazi et de réprimer ses habitants qui s'étaient soulevés contre lui.

Les premières critiques ont suivi les premiers bombardements, en s'inquiétant de leur intensité et du risque qu'ils faisaient courir aux civils libyens. C'est notamment la position d'Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, pourtant présent au déjeuner de l'Elysée samedi, et qui a déclaré dimanche :

« Ce que nous voulons c'est la protection des civils et pas le bombardement d'autres civils. »

L'ascendant traditionnel des Etats-Unis

La position de la Norvège est d'une autre nature : elle ne porte pas sur le fond des opérations, mais sur cette étrange situation qui a vution du commandement n'aura pas été réglée.

C'est le premier craquement sérieux de la coalition mobilisée dans la hâte en fin de semaine dernière, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU se préparait à voter le feu vert aux opérations militaires contre Kadhafi, pour l'empêcher de reprendre Benghazi et de réprimer ses habitants qui s'étaient soulevés contre lui.

Les premières critiques ont suivi les premiers bombardements, en s'inquiétant de leur intensité et du risque qu'ils faisaient courir aux civils libyens. C'est notamment la position d'Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, pourtant présent au déjeuner de l'Elysée samedi, et qui a déclaré dimanche :

« Ce que nous voulons c'est la protection des civils et pas le bombardement d'autres civils. »

L'ascendant traditionnel des Etats-Unis

La position de la Norvège est d'une autre nature : elle ne porte pas sur le fond des opérations, mais sur cette étrange situation qui a vu une guerre démarrer sans que la question du commandement ait été résolue. Résultat : Français, Britanniques et Américains agissent indépendamment les uns des autres, au point que les trois pays aient donné des noms différents à la même opération : Harmattan pour Paris, Ellary pour Londres, et Dawn Odyssey pour Washington.

Dans les faits, l'ascendant traditionnel des Etats-Unis s'impose aux Européens, mais pour des raisons de susceptibilité politique, cela n'a pas été formalisé, et encore moins annoncé. Ce qui permet aux Français de proclamer leur leadership sur une opération qu'ils ont portée politiquement, et dont ils ont assuré les premières frappes, alors que du côté américain, il suffit d'écouter les généraux à la retraite sur CNN proclamer que les forces américaines ne peuvent pas être sous commandement d'autres pays, pour comprendre où est le problème.

Incapables de résoudre cette épineuse question avant le déclenchement des opérations en urgence pour stopper l'offensive sur Benghazi, les coalisés ont préféré avancer sans commandement unique, de manière pragmatique. Les Norvégiens n'ont pas apprécié et, faute d'avoir obtenu de réponses, ont rendu public leur désaccord.

Au cœur du débat, le rôle de l'Otan, l'Alliance atlantique, maître d'œuvre de l'intervention en Afghanistan, et qui aurait pu jouer ce rôle dans le cas de la Libye. La France, pourtant rentrée dans le rang du commandement militaire intégré après l'élection de Nicolas Sarkozy, s'y est opposée, arguant, non sans raison, que cette intrusion de l'Otan politiserait ce qui doit rester une action « neutre » de la communauté internationale sous drapeau onusien.
Le fragile soutien des opinions arabes

Au cœur de ce débat, l'angoisse des Occidentaux de provoquer un retournement des opinions arabes qui, pour la première fois, n'ont pas réagi négativement à des opérations militaires contre un pays arabe. Ils savent qu'il suffirait d'une « bavure » de trop, ou d'un fait inattendu sur le terrain, pour casser le fragile soutien à cette opération sans précédent.

D'autant que ceux qui ont refusé de soutenir l'opération, comme les Chinois ou les Russes, ne se priveront pas de tirer avantage d'une situation dans laquelle, une nouvelle fois, ce sont les Occidentaux qui sont en première ligne d'une opération militaire, certes destinée à secourir les insurgés de Benghazi, mais dont les objectifs et les moyens sont loin d'être totalement clairs.

Les premiers craquements de lundi sont un sérieux signal, que les pays en première ligne, et en particulier la France, vont devoir prendre au sérieux. Ils devront affiner au plus vite leurs procédures, leur communication, et la coordination des membres de la coalition, s'ils ne veulent pas perdre le bénéfice politique de l'opération Harmattan/Ellary/Dawn Odyssey.
A lire aussi sur Rue89. Résultat : Français, Britanniques et Américains agissent indépendamment les uns des autres, au point que les trois pays aient donné des noms différents à la même opération : Harmattan pour Paris, Ellary pour Londres, et Dawn Odyssey pour Washington.

Dans les faits, l'ascendant traditionnel des Etats-Unis s'impose aux Européens, mais pour des raisons de susceptibilité politique, cela n'a pas été formalisé, et encore moins annoncé. Ce qui permet aux Français de proclamer leur leadership sur une opération qu'ils ont portée politiquement, et dont ils ont assuré les premières frappes, alors que du côté américain, il suffit d'écouter les généraux à la retraite sur CNN proclamer que les forces américaines ne peuvent pas être sous commandement d'autres pays, pour comprendre où est le problème.

Incapables de résoudre cette épineuse question avant le déclenchement des opérations en urgence pour stopper l'offensive sur Benghazi, les coalisés ont préféré avancer sans commandement unique, de manière pragmatique. Les Norvégiens n'ont pas apprécié et, faute d'avoir obtenu de réponses, ont rendu public leur désaccord.

Au cœur du débat, le rôle de l'Otan, l'Alliance atlantique, maître d'œuvre de l'intervention en Afghanistan, et qui aurait pu jouer ce rôle dans le cas de la Libye. La France, pourtant rentrée dans le rang du commandement militaire intégré après l'élection de Nicolas Sarkozy, s'y est opposée, arguant, non sans raison, que cette intrusion de l'Otan politiserait ce qui doit rester une action « neutre » de la communauté internationale sous drapeau onusien.
Le fragile soutien des opinions arabes

Au cœur de ce débat, l'angoisse des Occidentaux de provoquer un retournement des opinions arabes qui, pour la première fois, n'ont pas réagi négativement à des opérations militaires contre un pays arabe. Ils savent qu'il suffirait d'une « bavure » de trop, ou d'un fait inattendu sur le terrain, pour casser le fragile soutien à cette opération sans précédent.

D'autant que ceux qui ont refusé de soutenir l'opération, comme les Chinois ou les Russes, ne se priveront pas de tirer avantage d'une situation dans laquelle, une nouvelle fois, ce sont les Occidentaux qui sont en première ligne d'une opération militaire, certes destinée à secourir les insurgés de Benghazi, mais dont les objectifs et les moyens sont loin d'être totalement clairs.

Les premiers craquements de lundi sont un sérieux signal, que les pays en première ligne, et en particulier la France, vont devoir prendre au sérieux. Ils devront affiner au plus vite leurs procédures, leur communication, et la coordination des membres de la coalition, s'ils ne veulent pas perdre le bénéfice politique de l'opération Harmattan/Ellary/Dawn Odyssey.
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