mercredi 30 mars 2011

la parité est encore loin d'être installée

A l'issue des élections cantonales, "la parité progresse", note Chantal Brunel. "Au pas de la tortue", précise cependant la députée UMP, rapporteuse générale de l'Observatoire de la parité entre les femmes et les hommes. Sur les 2 026 mandats de conseillers généraux renouvelés, les dimanches 20 et 27 mars, seulement 280 femmes ont été élues. Elles représentent désormais 13,8 % des conseillers, contre 13,1 % en 2008. "Avec 86,2 % d'hommes élus lors de ce dernier scrutin, la parité est encore loin d'être installée", s'agace la parlementaire.

En 2006, Nicolas Sarkozy, alors en pleine campagne présidentielle, avait émis le souhait "que dans les exécutifs départementaux et régionaux on fasse également la parité". Le candidat UMP avait même chiffré ses objectifs pour 2007 : "dépasser les 30 % de candidates titulaires". En 2011, la route est encore longue, et particulièrement au sein du parti présidentiel.

Dans un compte rendu chiffré, l'Observatoire de la parité pointe, parti par parti, les cancres et les moins mauvais élèves de la parité de ces dernières élections cantonales. Europe Ecologie-Les Verts, avec 35,8 % de candidates et 22,2 % de femmes élues, est le parti qui a le mieux joué le jeu, devançant le Parti communiste, qui a investi 31,2 % de femmes, le Front national (25,7 %) et le Parti socialiste (23,1 %). A la dernière place des formations politiques qui ont été en mesure de présenter plus de 1 000 candidats, l'UMP, avec 18,6 % de femmes investies et 11,7 % d'élues.

PAS DE PRÉSIDENTE UMP

Sur les 101 conseils généraux sortants, 6 étaient présidés pas une femme. Un "record" qui ne sera pas égalé après les élections des nouveaux présidents qui se tiendront jeudi 31 mars. En effet, Anne d'Ornano, présidente sortante (DVD) du Calvados, ne se représente pas. Trois candidats membres de la majorité présidentielle se disputent sa succession, tous des hommes. Dans les Hautes-Pyrénées, la socialiste Josette Durrieu pourrait se faire souffler la présidence par Michel Pelieu (PRG). Il restera Marie-Françoise Pérol-Dumont, présidente socialiste du département de la Haute-Vienne, Hermeline Malherbe, présidente du conseil général des Pyrénées-Orientales (DVG) et Nassimah Dindar, présidente (DVD) de la Réunion. Claude Roiron, présidente socialiste du conseil général d'Indre-et-Loire, sera, elle, en concurrence avec une autre élue socialiste, Marisol Touraine. Aucune n'est membre de la majorité présidentielle, "nous n'avons aucune élue en mesure de se faire élire à une présidence", commente-t-on rue de la Boëtie.

Le choix du mode de scrutin des élections cantonales – uninominal à deux tours – est l'un des facteurs de sa faible féminisation, selon plusieurs élues de droite et de gauche. "Il demande un investissement particulièrement lourd pour les femmes, qui doivent souvent mener parallèlement à leur carrière une vie familiale, dans un pays où le partage de la parentalité est encore loin d'être acquis", témoigne Chantal Brunel.

Si certains conseils généraux se sont très légèrement féminisés en 2011, d'autres demeurent exclusivement masculins : le Tarn-et-Garonne, département présidé par le radical de gauche Jean-Michel Baylet, ne comptait aucune femme avant 2011. Rien ne changera après. Les conseils généraux du Haut-Rhin, de l'Indre, de la Haute-Savoie et du Gers ne comptent qu'une élue au sein de leurs assemblées.

LA PARITÉ CONTOURNÉE

Pourtant, l'accès aux fonctions électives pour les femmes est un droit. La loi du 6 juin 2000 (renforcée en 2007) vise à le faire respecter et impose aux partis de présenter 50 % de candidats de chacun des deux sexes, à 2 % près. Le parti qui ne joue pas le jeu se voit supprimer une fraction de la dotation publique. En 2010, c'est encore l'UMP qui se fait prendre par le radar de la parité. Avec une moyenne générale de seulement 26 % de candidates, le parti présidentiel a subi une retenue de plus de 4,1 millions d'euros. Le Parti socialiste, qui affiche un taux de 45,2 %, a perdu cette même année près de 520 000 euros.

La contrainte financière existante n'est pas suffisamment dissuasive, la loi a été détournée, estiment des élues de droite comme de gauche. "Aux législatives comme aux cantonales, le PS a présenté des femmes dans les bastions de la droite, là où le profil sociologique de la population nous donnait perdantes", témoigne la socialiste Marie-Françoise Pérol-Dumont. "Les quartiers généraux investissent des femmes dans des territoires considérés comme ingagnables", poursuit l'UMP Chantal Brunel. "Il faut taxer les partis politiques en fonction du nombre de femmes élues et non plus seulement en candidate", estime-t-elle. Une proposition qui, si elle devait être adoptée, contraindrait les partis à une parité réelle ou, en cas de statu quo, à d'énormes pénalités financières.

En 2006, le candidat Sarkozy souhaitait que les progrès de la parité soient "évalués tous les cinq ans". En 2011, les progrès sont ténus.
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