samedi 26 mars 2011

Des centaines de journalistes se sont rassemblés vendredi à Rabat et Casablanca

Des centaines de journalistes se sont rassemblés vendredi à Rabat et Casablanca devant les deux chaînes publiques du Maroc pour demander une amélioration de leur condition de travail et plus d'indépendance à l'égard des autorités. Ces rassemblements interviennent après le discours du roi Mohammed VI du 9 mars, annonçant d'importantes réformes constitutionnelles, et quelques jours après les manifestations du 20 mars dans plusieurs villes du pays pour réclamer des changements politiques profonds.

"Après le discours du roi et les manifestations du 20 mars, les langues se sont déliées. Les journalistes, comme d'autres catégories sociales, se disent : c'est maintenant ou jamais", a indiqué le politologue Mohammed Darif. "Les réformes telles qu'elles ont été énoncées par le chef de l'État ne se situent pas seulement au niveau institutionnel. Il faut des mesures d'accompagnement, dont la plus importante est bien sûr la réforme des médias publics", selon Mohammed Darif. "Nous voulons plus de diversité", "Cessez la marginalisation des compétences", "Le peuple veut une chaîne nationale", scandaient les journalistes devant les sièges des deux télévisions publiques, 2M à Casablanca et la Radio télévision marocaine (RTM) à Rabat.

Plus d'indépendance

La première et la deuxième chaînes marocaines font partie de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT), un pôle public dirigé par Faiçal Laraichi, considéré comme un proche du roi Mohammed VI. "Il ne peut y avoir de changements politiques sans réforme des médias publics. Nous demandons plus d'indépendance vis-à-vis de l'État", a déclaré à l'AFP Rabiâa Malak, journaliste à la RTM. "On demande une révision urgente de la ligne éditoriale et le départ immédiat des responsables de l'échec du projet médiatique public au Maroc", a ajouté Rabiâa Malak.

Mardi, une centaine de personnes, pour la plupart des journalistes de l'agence marocaine MAP, s'étaient également rassemblées à Rabat pour revendiquer "l'indépendance éditoriale" et l'amélioration de leurs conditions de travail, une première depuis la création de cette agence. Fondée en 1959, l'agence marocaine MAP (Maghreb Arabe Press) est souvent critiquée pour sa proximité vis-vis du pouvoir officiel, aussi bien par la presse marocaine que par des ONG.

Au service du pouvoir

"Il y a un cumul de plusieurs années de médiocrité à cause notamment du manque de professionnalisme", a déclaré Abdessamad Bencherif, journaliste à la deuxième chaîne publique à Casablanca. "Les programmes de notre chaîne ne reflètent pas la diversité politique, sociologique et culturelle du Maroc. Il n'y a aucun mécanisme de sanction et de contrôle de la direction", a-t-il ajouté.

"Il est normal que les journalistes s'inquiètent. Tout le monde sait que la directrice de l'information de 2M, Samira Sital, et le directeur de la MAP, Ali Bouzerda, sont des proches de Fouad Ali El Himma", conclut Mohammed Darif. Ce dernier est l'un des fondateurs du Parti authenticité et modernité (PAM) et il est décrit notamment par la presse marocaine comme un "proche" du monarque.

Selon le secrétaire général du Syndicat de la presse marocaine (SNPM), Younès Moujahid, "le contribuable finance ces médias publics, mais ces derniers sont au service du pouvoir officiel". Des milliers de Marocains ont manifesté dimanche, dans plusieurs villes, pour réclamer davantage de démocratie et moins de corruption, quelques jours après l'annonce par Mohammed VI de profondes réformes politiques.
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