vendredi 18 février 2011

TUNISIE

Ils sont nombreux, ces jours-ci, en France, à attendre avec inquiétude les résultats de la commission tunisienne d'enquête sur la corruption, récemment créée à Tunis.

Car les années Ben Ali auront permis à de nombreuses personnalités françaises – responsables politiques, membres de "groupes d'amitié", journalistes... – de profiter des charmes du "pays du jasmin", sans se poser plus de questions que cela sur la nature réelle de ce régime autoritaire.

Les invitations, tous frais payés, arrivaient aux uns et aux autres pour de vagues congrès, organisés, comme par hasard, en bord de mer, dans des palaces situés dans des endroits enchanteurs, tels que la banlieue nord de Tunis, Hammamet ou encore Monastir.... En échange, ces VIP se transformaient en VRP de Ben Ali.

UNE GRILLE DE LECTURE TOTALEMENT INADAPTÉE

Parmi les ardents défenseurs du dictateur déchu : le député Eric Raoult. "Plus on attaquait Ben Ali, plus j'avais envie de le défendre", dit-il en guise de justification. L'hebdomadaire Jeune Afrique, ou encore les Cahiers de l'Orient d'Antoine Sfeir, ont eux abondamment contribué à empêcher de faire connaitre le vrai visage du régime de Zine el-Abidine Ben Ali.

L'opposition tunisienne et les défenseurs des droits de l'homme avaient beau s'évertuer à dénoncer la répression, la France chantait obstinément les louanges de Ben Ali. Jusqu'à la chute du dictateur, l'Elysée et le Quai d'Orsay auront analysé l'ancien protectorat français à travers une grille de lecture totalement inadaptée.

En Tunisie, les démêlés de la ministre française des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, semblent, ces temps-ci, presque secondaires. Ces "petits arrangements entre amis" avaient, en effet, fini par faire partie du paysage quotidien des Tunisiens. Autant que la Tunisie, c'est l'image de la France qui aura pâti de ces incroyables connivences.