jeudi 17 février 2011

LIBYE

Trente-huit personnes ont été blessées dans la nuit de mardi à mercredi dans des affrontements à Benghazi, ville côtière de l'Est libyen, entre des manifestants et les forces de l'ordre, a indiqué le directeur de l'hôpital Al-Jala de Benghazi. Un précédent bilan faisait état d'au moins quatorze blessés.

La police libyenne a dispersé par la force un sit-in contre le pouvoir. Des centaines de partisans du dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, ont, quant à eux, défilé peu après dans plusieurs villes du pays, a-t-on appris de sources concordantes.

L'Union européenne a appelé mercredi la Libye à autoriser "l'expression libre" et à éviter "toute violence". "Nous appelons les autorités à écouter tous les gens qui participent aux protestations et ce que la société civile dit, et à permettre l'expression libre", a souligné la porte-parole de la Haute représentante de l'Union européenne aux affaires étrangères Catherine Ashton.

"BENGHAZI RÉVEILLE-TOI"



Les forces de l'ordre étaient intervenues, selon le journal libyen Quryna, pour mettre fin à des affrontements entre des partisans de Mouammar Kadhafi et des "saboteurs" parmi des manifestants qui s'étaient rassemblés pour réclamer la libération d'un avocat, Fethi Tarbel, représentant des familles de prisonniers tués en 1996 dans une fusillade dans la prison d'Abou Salim à Tripoli.

Selon Human Rights Watch, au moins mille deux cents prisonniers ont été tués par les forces de l'ordre lors d'une fusillade à la prison d'Abou Salim en 1996, dans des circonstances qui restent confuses. Depuis quelques années, leurs familles, dont une grande partie est originaire de Benghazi, ne cessent de réclamer que lumière et justice soient faites sur ce massacre. Nombre des opposants à Kadhafi en sont originaires, et la ville a été écartée des principaux projets de développement économique, renforçant son particularisme.

Me Tarbel, dont les raisons de l'arrestation sont inconnues, a été libéré sous la pression des familles. Mais la foule n'a pas quitté les lieux, et d'autres personnes se sont jointes à la manifestation, ce qui a poussé les forces de l'ordre à les disperser par la force, selon le site Libya-alyoum. Les manifestants ont scandé, selon ces médias, des slogans contre le régime : "Benghazi, réveille-toi, c'est le jour que tu attendais, le sang des martyrs n'est pas versé en vain", ou encore "Le peuple veut faire tomber la corruption".

"JOURNÉE DE LA COLÈRE"

Le gouvernement libyen a adopté une série de mesures visant notamment à réduire les prix des produits de première nécessité. Le régime de Tripoli s'apprêterait en outre à libérer cent-dix militants incarcérés du Groupe islamique libyen de combat, une organisation interdite par les autorités.

Peu après, des centaines de manifestants pro-régime ont défilé à Benghazi, deuxième ville du pays, mais aussi à Syrte, Sebha et Tripoli, selon des images de la télévision d'Etat. Depuis 4 heures, heure locale (3 heures, heure de Paris), la chaîne Al-Jamahiriya diffusait des images en direct de manifestants défilant à pied et en voiture, brandissant des drapeaux et des photos du colonel Kadhafi et scandant des slogans à la gloire du Guide de la révolution libyenne et contre la chaîne Al-Jazira, accusée par le régime d'inciter à la révolte dans des pays arabes particuliers. "Al-Jazira méprisable, nous ne voulons pas d'autre que notre leader", scandaient notamment les manifestants.

Ces manifestations interviennent à la veille de la "journée de colère" libyenne prévue jeudi, selon des appels lancés sur Facebook. Sous le slogan "Révolte du 17 février 2011 : pour en faire une journée de colère en Libye", un groupe Facebook, qui appelle à un soulèvement contre le régime de Mouammar Kadhafi, est passé de quatre mille quatre cents membres lundi, à neuf mille six cents mercredi matin