vendredi 25 février 2011

Libye : crainte d'un exode massif vers les pays voisins et l'Europe

Libye : crainte d'un exode massif vers les pays voisins et l'Europe

LEMONDE.FR avec AFP | 23.02.11 | 16h21 • Mis à jour le 23.02.11 | 18h08
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Des milliers de Tunisiens fuient la Libye, selon le Croissant-Rouge.

Des milliers de Tunisiens fuient la Libye, selon le Croissant-Rouge.AFP/LIONEL BONAVENTURE

Alors que des dizaines de pays évacuent leurs ressortissants par air ou par mer, Libyens mais aussi Tunisiens et Egyptiens sont des milliers à se presser sur les routes pour fuir la Libye. Le Croissant-Rouge évoque un risque d'exode massif, et l'Europe se prépare à faire face à une crise humanitaire de grande ampleur à ses portes.

"5 700 Tunisiens et Libyens ayant fui la Libye ont traversé la frontière entre les deux pays à Ras Jedir lundi et mardi. Ils continuent d'arriver", a déclaré Hadi Nadriun responsable du Croissant-Rouge pour la région de Ben Guerdane, première ville après la frontière. "Après ce qu'a dit Kadhafi hier, il y a un risque catastrophique" d'exode massif, a poursuivi ce responsable. "Nous nous attendons à des milliers de réfugiés libyens qui vont entrer en Tunisie. On s'attend au pire".

CRAINTE DE CRISE HUMANITAIRE

La Commission européenne s'est dite de son côté préoccupée par le risque de catastrophe humanitaire et a envoyé des experts aux frontières tunisienne et égyptienne pour évaluer les besoins en cas d'exode. "Nous ne faisons pas encore face à une crise humanitaire en Libye, mais cela ne veut pas dire que nous ne soyons pas préoccupés, car la situation est très instable et évolue sans cesse", a déclaré Raphael Brigandi, porte-parole de la commissaire chargée de l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva.

"Nous avons décidé d'envoyer plusieurs de nos experts en Tunisie et en Egypte et nous sommes prêts à dépêcher un expert à Tripoli, si les conditions de sécurité sont assurées", a annoncé le porte-parole. Il a précisé ne pas avoir encore de données sur les arrivées de réfugiés en Egypte, alors que la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, se trouvait dans ce pays mardi. "Nous n'avons pas débloqué de fonds pour le moment et nous le ferons quand des besoins auront été identifiés", a-t-il ajouté.

L'EUROPE DU SUD DEMANDE UN FONDS SPÉCIAL DE SOLIDARITÉ

Six pays d'Europe du Sud, porte d'entrée d'un éventuel afflux massif de migrants en provenance de la Libye, se sont mobilisés, mercredi, avec une réunion de leurs ministres de l'intérieur à Rome, à la veille d'une rencontre à Bruxelles. L'Italie, la France, l'Espagne, la Grèce, Chypre et Malte ont demandé l'établissement d'un fonds spécial pour affronter le problème de l'immigration clandestine en provenance d'Afrique du Nord.

"Nous demanderons jeudi lors de la réunion à Bruxelles" de l'ensemble des 27 pays de l'UE "l'établissement d'un fonds spécial de solidarité destiné aux pays qui supportent les principaux flux migratoires à la suite de la crise en Afrique du Nord", a déclaré à la presse le ministre de l'intérieur italien, Roberto Maroni, à l'issue de la réunion.

M. Maroni a également assuré que les six pays vont demander "un système européen d'asile commun et durable". "Pour traduire dans les faits ce principe de solidarité, nous demandons des programmes spécifiques […] comme le partage avec les autres pays européens des charges découlant de l'accueil que nous, comme pays frontaliers, assumons", a ajouté M. Maroni, précisant que les six pays avaient décidé "la création d'un groupe de travail et de coopération permanente pour procéder à l'échange d'informations et pour une aide immédiate réciproque en cas de crise".

Tunisiens et Egyptiens sont des milliers à se presser sur les routes pour fuir la Libye.

Tunisiens et Egyptiens sont des milliers à se presser sur les routes pour fuir la Libye.AFP/LIONEL BONAVENTURE

L'ITALIE EN PREMIÈRE LIGNE

Pour l'Italie, l'enjeu est de taille. Rome affirme craindre une vague d'au moins 200 000 à 300 000 immigrés si le régime tombait. Un "exode biblique", "dix fois plus que le phénomène des Albanais dans les années 1990", a prédit le ministre des affaires étrangères, Franco Frattini.

Un traité conclu en août 2008 entre l'Italie et la Libye a entraîné, selon les autorités italiennes, la diminution de 94 % des débarquements de clandestins en Italie, avec une politique de refoulement immédiat, d'ailleurs dénoncée par les associations de défense des droits de l'homme.

L'Union européenne a déployé depuis dimanche la mission "Hermes" de Frontex (l'agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures), qui apporte notamment un soutien naval et aérien à la surveillance des frontières. Outre l'appui de l'agence européenne, Rome a officiellement demandé une aide de 100 millions d'euros pour faire face à la vague de migrants. Sur ce point, Bruxelles n'a pas encore donné de réponse.

L'EUROPE DIVISÉE SUR L'ACCUEIL DES RÉFUGIÉS

La Commission européenne prend aussi très au sérieux les menaces des autorités libyennes de cesser toute coopération avec l'UE dans la lutte contre l'immigration illégale. Mais, jusqu'à présent, toutes les réunions à Bruxelles consacrées à cette question ont mis en avant la division au sein de l'Union.

La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Finlande et la Suède ont opposé une fin de non-recevoir aux propositions de la Commission de "partager le fardeau" du traitement des demandes d'asile. "La solidarité au sein de l'UE se fait sur une base volontaire", a expliqué Michele Cercone, porte-parole de la commissaire chargée des questions d'immigration et de sécurité, Cecilia Malmström.La situation serait toutefois particulière pour les personnes parties de Libye afin de fuir les violences. "La Commission peut proposer de leur accorder une protection temporaire pendant un an", a indiqué Michele Cercone."Cette possibilité n'a jamais été utilisée à ce jour", a-t-il précisé.

Elle peut également invoquer l'article 78 du traité européen de Lisbonne, qui permet de débloquer une assistance financière en cas d'afflux soudain de réfugiés dans un ou plusieurs Etats membres, a-t-il ajouté. Ces deux options doivent toutefois être avalisées à la majorité qualifiée par les Etats membres.