vendredi 25 février 2011

Le dirigeant libyen Muammar Kadhafi a estimé jeudi dans un message audio

Le dirigeant libyen Muammar Kadhafi a estimé jeudi dans un message audio diffusé par la télévision libyenne que les manifestants servaient les intérêts du chef d'al-Qaida Oussama Ben Laden, affirmant, par ailleurs, que son pouvoir n'était que "moral". Au dixième jour d'une révolte sans précédent en Libye, le colonel s'adressait aux habitants de la ville de Zaouiyah (60 kilomètres à l'ouest de Tripoli) où, selon l'agence officielle Jana, des terroristes ont pris d'assaut un centre des forces de sécurité et ont égorgé trois soldats, selon la "méthode de l'ancien chef terroriste d'al-Qaida en Irak, Abou Moussab al-Zarkaoui". Son intervention, apparemment par téléphone et brièvement interrompue vingt minutes après le début à 15 h 15 (heure de Paris), s'est terminée peu après 15 h 30.

"Ces gens n'ont pas de vraies revendications, leurs revendications sont celles de Ben Laden", a affirmé le colonel Kadhafi. "Ben Laden, voilà l'ennemi qui manipule le peuple", a-t-il dit. "Ne vous laissez pas influencer par Ben Laden !" Il a présenté ses "condoléances aux familles des quatre personnes des forces de sécurité tuées" à Zaouiyah. "Je me demande si Ben Laden va aider à indemniser les familles de ceux qui ont été tués", a-t-il ajouté. Le colonel Kadhafi a, par ailleurs, indiqué que son pouvoir était seulement moral. "Je n'ai pas le pouvoir de faire des lois ou de faire appliquer la loi. La reine d'Angleterre n'a pas cette autorité. C'est exactement mon cas", a-t-il dit. "Muammar Kadhafi n'a pas de poste officiel pour qu'il en démissionne. Muammar Kadhafi est le chef de la révolution, synonyme de sacrifices jusqu'à la fin des jours", avait-il déjà affirmé, mardi, lors d'un discours télévisé adressé à la nation.

Il a en outre affirmé, comme il l'avait fait mardi, que les manifestants prenaient de la drogue distribuée par des "agents de l'étranger". Mardi, dans son premier discours public depuis le début de l'insurrection sanglante en Libye le 15 février, le colonel libyen a juré de réprimer dans le sang les protestataires. Le dirigeant libyen Muammar Kadhafi était de plus en plus isolé jeudi, confronté à une opposition maîtresse de l'Est et sommé par l'Occident de stopper le bain de sang, la communauté internationale disant craindre une catastrophe humanitaire due à l'exode. Au dixième jour de cette révolte qui a fait des centaines de morts, les rues de Tripoli étaient quasi désertes en matinée après une nuit troublée par des tirs nourris, notamment dans la banlieue est. Les opposants semblent contrôler la région allant de la frontière égyptienne jusqu'à la localité d'Ajdabiya plus à l'ouest, en passant par Tobrouk, Derna et Benghazi, épicentre de la contestation, à 1 000 kilomètres à l'est de Tripoli.