vendredi 25 février 2011

Alors que le mouvement de contestation se rapproche de Tripoli, Mouammar Kadhafi a fait son deuxième discour

Alors que le mouvement de contestation se rapproche de Tripoli, Mouammar Kadhafi a fait son deuxième discours depuis le début de la révolte par téléphone, sans apparaître à l'écran, pour tenter de discréditer le mouvement.

"Ils ont 17 ans. On leur donne des pilules la nuit, on leur met des substances hallucinogènes dans leurs boissons, leur lait, leur café, leur Nescafé", a affirmé Mouammar Kadhafi, qui a perdu le contrôle d'une grande partie de son pays. Assurant que le mouvement était dû à une manipulation extérieure, le dirigeant libyen a invité la population à ne pas se laisser influencer par Al-Qaida. "Ben Laden […], voilà l'ennemi qui manipule le peuple", a lancé Mouammar Kadhafi.

"Aucune personne saine" ne devrait rejoindre les rangs de la révolte, a-t-il dit, en invitant la population à désarmer les contestataires. Le dirigeant a présenté ses condoléances aux victimes des affrontements et il a appelé au calme les personnes qui, selon lui, se battent entre elles.

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>> Lire : Pour Kadhafi, les manifestants sont des "drogués" manipulés par Al-Qaida

Le soulèvement ne cesse de gagner du terrain et des affrontements ont eu lieu à Zaouiyah, à une cinquantaine de kilomètres seulement de la capitale. Des témoins ont fait état de tirs nourris d'armes lourdes et de scènes de chaos dans la ville, qui se trouve sur le principal axe routier reliant la frontière tunisienne à Tripoli. Elle abrite notamment un terminal pétrolier. Des images diffusées jeudi par la chaîne Al-Jazira montrent un poste de police en feu et une vingtaine de cadavres dans la ville.

Zouara, située à 120 km à l'ouest de Tripoli, serait également aux mains des manifestants. Selon des témoins qui ont fui vers la frontière tunisienne, la ville est livrée à elle-même depuis plusieurs jours.

>> Lire : Affrontements meurtriers à Zaouiyah, à 50 km de Tripoli

S'il est difficile de connaître le bilan des affrontements à ce jour, le chiffre de 1 000 morts a été plusieurs fois évoqué. L'ambassadeur français chargé des droits de l'homme, François Zimeray, y a notamment fait référence jeudi, estimant qu'il y avait des "éléments précis et concordants pour une enquête pour crimes contre l'humanité". La Fédération internationale des ligues de droits de l'homme donnait mercredi le chiffre de 640 morts depuis le début du mouvement. Le seul bilan officiel des autorités libyennes, donné mardi, faisait état de 300 morts.

Barack Obama est sorti de son silence dans la nuit de mercredi à jeudi, affirmant que "la souffrance et le bain de sang sont scandaleux et inacceptables". M. Obama a solennellement averti que le régime de Mouammar Kadhafi aurait à rendre compte de ses actes. "Il doit être tenu responsable de son incapacité à honorer ses responsabilités, et il devra affronter les conséquences qu'entraînent les violations continues des droits humains", a-t-il dit.

Jeudi la Maison Blanche a précisé que le président américain allait appeler Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique David Cameron pour coordonner leurs actions en vue de mettre fin à la répression.

>> Lire : Obama dénonce un bain de sang "scandaleux"

Face à la répression sanglante orchestrée par le régime, l'Union européenne examine la possibilité d'une intervention militaire à but humanitaire en Libye, essentiellement pour aller chercher les ressortissants étrangers encore coincés dans le pays – ils seraient de 5 000 à 6 000.

Les discussions pourraient être approfondies en marge d'une réunion des ministres de la défense européens, à Budapest, jeudi 24 et vendredi 25 février. Pour le moment, il n'est pas encore question d'envoyer une force d'interposition. "Une telle opération nécessiterait un mandat des Nations unies", a observé un haut fonctionnaire bruxellois.

De son côté, la Suisse a décidé jeudi de bloquer les avoirs du dirigeant libyen. "Pour éviter toute utilisation abusive de fonds publics [libyens], le Conseil fédéral a décidé aujourd'hui de geler avec effet immédiat tous les éventuels avoirs de Mouammar Kadhafi et son environnement en Suisse", annonce le ministère des affaires étrangères helvétique dans un communiqué. Cette décision "est valable pendant trois ans", précisent les autorités